Acte de langage

Perfor­ma­tif
Cons­ta­tif
Pres­crip­tif
Descrip­tif

Toute­fois, il n’existe selon Searle que deux façons essen­tielles d’en­vi­sa­ger les rapports qu’un énoncé peut entre­te­nir avec le monde :

« Il appar­tient au but illo­cu­toire de certaines illo­cu­tions de rendre les mots conformes au monde, tandis que d’autres ont pour but illo­cu­toire de rendre le monde conforme aux mots. »

L’al­ter­na­tive est donc simple. Soit l’énoncé vise à « dire vrai » au sujet du monde, auquel cas ce qu’il dit doit être conforme au monde. Soit l’énoncé vise à « rendre vrai » un état du monde, auquel cas le monde devra, si l’acte de parole est réussi, se confor­mer à ce qui est dit. Searle distingue ainsi des « direc­tions d’ajus­te­ment » du langage au monde qu’il repé­rera égale­ment dans son analyse du rapport de l’es­prit au monde.
John Searle – Wiki­pé­dia

Rendre vrai
Dire vrai
Rendre le monde conforme aux mots
Rendre les mots conformes au monde
Le langage fait
Le langage signi­fie
Action
Code
Narra­tives
Méta­phores

Le cadu­cée

Pour expliquer la forma­tion du cadu­cée, on dit que Mercure vit deux serpents qui se battaient (figure du chaos), et qu’il les sépara (distinc­tion des contraires) avec une baguette (déter­mi­na­tion d’un axe suivant lequel s’or­don­nera le chaos pour deve­nir le Cosmos), autour de laquelle ils s’en­rou­lèrent (équi­libre des deux forces contraires, agis­sant symé­trique­ment par rapport à l’« Axe du Monde »).La Grande Triade page 25

Le cadu­cée

Les deux serpents
La baguette
Les contraires
Axe du Monde
Yin-yang
Tao

La tradi­tion extrême-orien­tale

Cosmos
Le deve­nir
Chaos

Propo­si­tion hollan­daise, le trait gamma

L’école hollan­daise de carac­té­ro­lo­gie est la seule selon mes recherches à propo­ser un trait gamma utili­sable.

Trait gamma
Actif
Passif

La mise en ordre des traits ne se fait que selon le critère du prag­ma­tisme : ça marche ou pas. Ici nous avons au moins un fais­ceau d’ap­proche, c’est le passage du corps humain – Quater­nité au
corps humain – Octade à l’aide de ce trait gamma :

Trait gamma
Muscle
Organe
Trait gamma
Actif
Passif

Plus l’octade du Yi-King.

Carac­té­ro­lo­gie, corps, Yi-King

Fleg­ma­tiques
Apathiques
Sanguins
Amorphes
Passion­nés
Senti­men­taux
Colé­riques
Nerveux
Visage
Cerveau
Bras
Poitrine
Coeur
Tripes
Jambes
Sexe
Lumi­neux
En repos
Fort
Péné­trant
Joyeux
Dange­reux
En mouve­ment
Soumis, aban­donné

Ce qui est très inté­res­sant dans ces rappro­che­ments, c’est que les trois équa­tions sont de concep­tion abso­lu­ment indé­pen­dantes l’une de l’autre. Tout n’est pas clair dans chacune de ces trois équa­tions. C’est le maté­riel dont nous dispo­sons pour creu­ser l’hy­po­thèse hollan­daise. Il nous reste à rêver devant les corres­pon­dances fulgu­rantes qui jailisse ici ou là entre une équa­tion méta­phy­sique multi-millé­naire, une autre carac­té­ro­lo­gique à peine sécu­laire et une dernière physio­lo­gique, sans âge.

Le trait alpha de la carac­té­ro­lo­gie

L’asy­mé­trie céré­brale de Sperry est le trait alpha de la carac­té­ro­lo­gie par excel­lence : il est physio­lo­gique, voyant.

Nous voyons la rupture si nette des hémi­sphères, nous voyons le chiasma cervi­cal. Ce sont deux accords duaux en pleine rela­tion avec l’émer­gence de la ratio­na­lité, le néo-cortex. L’étude du cerveau regorge encore de ces oppo­si­tions essen­tielles.

Trait alpha de la carac­té­ro­lo­gie

Cerveau gauche
Cerveau droit
Ration­nel
Irra­tion­nel
Raison Sens
Emotion Sensa­tion

objet/sujet ou encore être/étant.

La carac­té­ro­lo­gie des philo­sophes

Le philo­sophe est un être humain qui possède sa propre carac­té­ro­lo­gie, c’est à dire sa manière de penser bien distincte, qui est utile­ment spéci­fiée par la carac­té­ro­lo­gie, en accord avec l’ordre du monde, le même ordre qu’en philo­so­phie. Mais une telle instan­cia­tion typo­lo­gique est incon­nue. Ainsi, le philo­sophe, qui passe sa vie à essayer d’ex­pliquer comment fonc­tionne le monde, ne sait pas comment il fonc­tionne lui même ni que d’autres philo­sophes puissent penser diffé­rem­ment de lui.

Les philo­sophes sont indif­fé­rem­ment ration­nels ou irra­tion­nels selon le trait alpha. La créa­tion de la ratio­na­lité à l’an­tiquité a marqué indé­lé­bi­le­ment ce trait en une oppo­si­tion toujours clas­sique :

Eléates
Ionniens
Parmé­nide
Héra­clite
Ration­nel
Irra­tion­nel

On retrouve le marqueur alpha dans les grands courants de la philo­so­phie, comme dans le Roman­tisme ou chez les philo­sophes analy­tiques, par exemple ou encore dans les grandes oppo­si­tions clas­siques.

Les philo­sophes sont le plus souvent des intel­lec­tuels. Pour­tant deux géants d’entre-eux ne le sont pas : Héra­clite et Nietzsche.

Compa­rer Nietzsche et Heideg­ger, c’est compa­rer l’air et l’eau, c’est une pensée induc­tive pour une philo­so­phie morale face à une pensée discur­sive axée sur la méta­phy­sique.

4 philo­so­phies
Logique
Morale
Méta­phy­sique
Psycho­lo­gie
4 pensées
Déduc­tion
Induc­tion
Discur­si­vité
Intui­tion

Chaque philo­so­phie possède son outil pour penser en propre.

Le philo­sophe est tourné a priori vers une philo­so­phie donnée, parce qu’il sait spon­ta­né­ment mieux utili­ser l’ou­til de cette philo­so­phie plutôt que celui des autres. Il lui est bien sur possible de se contra­rier en choi­sis­sant un outil et une philo­so­phie plus diffi­ciles pour lui.

Carac­té­ro­lo­gie

Le terme de carac­té­ro­lo­gie est celui que je retiens pour dési­gner la partie de la psycho­lo­gie innée qui se préoc­cupe du carac­tére de la personne. L’in­néité étant ici syno­nyme de non modi­fiable.

Acquis
Inné
Evolu­tif
Figé
 
Soft­ware
Hard­ware

J’en­tends donc une recherche exclu­si­ve­ment sur le carac­tère inné et non l’ac­quis. Je consi­dère évidem­ment que la personne n’existe qu’en fonc­tion des deux réunis, inné plus acquis, mais que pour se connaître et se comprendre il faut procé­der par ordre en connais­sant et compre­nant en premier lieu ce qui est premier : l’inné. Sur ce socle où tout est natu­rel, l’ac­quis peut être abordé, dégagé de certaines incer­ti­tudes pesantes.

Acquis
Inné
Arti­fi­ciel
Natu­rel

Cette démarche, pour­tant extrê­me­ment logique, est à contre courant de la psycho­lo­gie actuelle qui ne s’oc­cupe jamais d’inné, qui ne l’évoque jamais.

Selon la défi­ni­tion que j’adopte, les tempé­ra­ments d’Hip­po­crate sont une carac­té­ro­lo­gie, les doshas de l’Ayur­veda sont une carac­té­ro­lo­gie au même titre que la carac­té­ro­lo­gie hollan­daise, les types de Jung, certains tests psycho­mé­triques des ressources humaines de l’en­tre­prise, une branche des styles cogni­tifs sont de la carac­té­ro­lo­gie, et encore d’autres branches plus ou moins floues de la recherche.

La carac­té­ro­lo­gie exprime le plus souvent les diffé­rentes façons de penser de l’hu­main, en fonc­tion de traits plus ou moins nombreux que je nomme avec les lettres grecques alpha, bêta, gamma, delta, etc. Dans les faits, le consen­sus autour des traits n’existe pas encore, il est à réali­ser. J’ai établi dans ce but une expé­rience de pensée au commen­ce­ment de ma carac­té­ro­lo­gie qui exploite deux traits fonda­men­taux de la philo­so­phie, postu­lant que s’il s’agis­sait d’un univer­sel en philo­so­phie, cela devait l’être aussi en psycho­lo­gie de l’inné. Même si j’em­ploie la philo­so­phie au service de la carac­té­ro­lo­gie, c’est bien la carac­té­ro­lo­gie (en tant que psycho­lo­gie) qui est première, c’est elle qui donne l’idée des types et des traits selon le chemi­ne­ment anato­mie/psycho­lo­gie/méta­phy­sique.

Trait alpha
Ration­nel
Irra­tion­nel
Trait bêta
Intel­lec­tuel
Physique

Le nombre de traits maxi­mum de la carac­té­ro­lo­gie est une incon­nue. Dans les faits nous ne sommes, à cause de nos limites cultu­relles, capables que de bien inté­grer un trait ou deux. Nous dispo­sons pour cela d’un puis­sant trous­seau de duali­tés et de quater­ni­tés profondes et analo­gique­ment cohé­rentes entre elles, que ce site expose à la lumière du jour, et qui sont notre prin­ci­pal outil de travail.

Certaines recherches rares abordent le troi­sième trait (8 types), toutes disci­plines confon­dues, extrê­me­ment peu connaissent le quatrième (16 types). Plusieurs carac­té­ro­lo­gies ont exploré ces niveaux de traits. Malheu­reu­se­ment, ce travail n’est pas réel­le­ment exploi­table parce qu’il n’est pas suffi­sem­ment possible de le recou­per. Il y a une excep­tion, une sérieuse amorce de pensée, c’est la carac­té­ro­lo­gie hollan­daise qui nous le four­nit avec l’ajout d’un troi­sième trait qui semble perti­nent à plusieurs titres et que j’au­rai tendance à adop­ter en tant que voca­bu­laire méta­phy­sique.

Trait gamma
Actif
Passif

De toute façon, je pense qu’une carac­té­ro­lo­gie ne doit pas se perdre dans une pléthore de traits, deux c’est déjà très bien. La suren­chère, c’est la fosse commune de nombre d’entre elles, qui ont toutes fini par ajou­ter des traits acquis à leur édifice inné.

Je ne cherche pas à créer une exper­tise de la carac­té­ro­lo­gie, mais à susci­ter un objet cultu­rel, ce qui est très diffé­rent. Se connaître est un travail intime et non extime, il nous faut décou­vrir nous même nos posi­tions par défaut selon les traits.

Exper­tise
Culture
Extime
Intime

Toute carac­té­ro­lo­gie doit néces­sai­re­ment être compa­tible avec les Préfé­rences hémi­sphé­riques. Cela inva­lide, selon ma seule défi­ni­tion du terme, l’én­néa­gramme des carac­té­ro­lo­gies, alors que c’en est une selon le sens litté­ral.

Le trait alpha est le plus sûr de tous. Le trait bêta est plus disputé selon les diverses typo­lo­gies, mais les plus récentes convergent et la réfé­rence philo­so­phique est ferme. Pour le trait gamma, la propo­si­tion hollan­daise est corro­bo­rée.

Je consi­dère a priori la répar­ti­tion carac­té­ro­lo­gique dans la popu­la­tion comme stric­te­ment aléa­toire. Ceci est peut être en contra­dic­tion avec le fait qu’une carac­té­ro­lo­gie peut sans doute aussi se trans­mettre héré­di­tai­re­ment. Il n’est donc pas exact de dire cela, mais ce n’est pas moins juste.
Exac­ti­tude
Justesse
Raison
Sagesse

Brau­del

Fernand Brau­del réclame l’uni­fi­ca­tion des sciences sociales.

« Mais elle répond chez moi à un désir d’uni­fi­ca­tion, même auto­ri­taire, des diverses sciences de l’homme, pour les soumettre moins à un marché commun qu’à une problé­ma­tique commune, qui les libè­re­rait de quan­tité de faux problèmes, de connais­sances inutiles et prépa­re­rait, après les élaguages et mises au point qui s’im­posent, une future et nouvelle diver­gence, capable alors d’être féconde et créa­trice. Car un nouveau lance­ment des sciences de l’homme s’im­pose.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 105

Evidem­ment, j’abonde. Pour toutes les sciences.

Brau­del ignore l’a priori quadri­parti ou même triparti.

L’his­toire se situe à des paliers diffé­rents, je dirais volon­tiers trois paliers, mais c’est façon de parler, en simpli­fiant beau­coup. C’est dix, cent paliers qu’il faudrait mettre en cause, dix, cent durées diverses.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 112

Il ne cherche donc pas à confron­ter sa pensée au contact de la typo­lo­gie quadri­par­tie aris­to­té­li­cienne, ni ne cherche à en isoler les traits.

Pour­tant on discerne bien l’ac­crois­se­ment clas­sique avec le temps court ou long comme trait alpha, ainsi que son pendant socio­lo­gique.

Histoire

Trait alpha
Long
Temps
Court

Socio­lo­gie

Trait alpha
Diachro­nie
Synchro­nie

Puis nous avons les paliers, au nombre de trois, donc : événe­ment, conjonc­ture et struc­ture. On peut tenter un clas­se­ment comme tripli­cité, avec l’af­fir­ma­tion : « la conjonc­ture va de l’évé­ne­ment à la struc­ture », ce qui ne manque pas d’in­té­rêt, mais sans être en accord avec Brau­del. Essayer une quater­nité implique de trou­ver un terme manquant. Ressort de la lecture un candi­dat :

Le fait divers (sinon l’évé­ne­ment, ce socio­drame) est répé­ti­tion, régu­la­rité, multi­tude, et rien ne dit, de façon abso­lue, que son niveau soit sans ferti­lité ou valeur scien­ti­fique. Il faudrait y regar­der de près.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 113

Cela nous rappelle immanqua­ble­ment l’ou­bli de l’être. Dés lors, je pose cette équa­tion comme une expé­rience, postu­lant l’ou­bli du premier palier par l’his­toire :

Brau­del

Struc­ture
Conjonc­ture
Evéne­ment
Fait divers
Finale
Motrice
Formelle
Maté­rielle

Le mot de palier est sorti de la pensée de Georges Gurvitch et s’ac­cli­mate, tant bien que mal, chez nous. Nous dirons qu’il y a des paliers de la réalité histo­rique, plus encore des paliers de l’ex­pli­ca­tion histo­rique et par suite des paliers possibles de l’en­tente ou de la polé­mique histo­rico-socio­lo­gique : on peut se dispu­ter ou se récon­ci­lier en chan­geant d’éta­ge…
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 108

Le vaste édifice social de Georges Gurvitch selon cinq archi­tec­tures essen­tielles : les paliers en profon­deur, les socia­bi­li­tés, les groupes sociaux, les socié­tés globales, les temps, ce dernier écha­fau­dage, celui des tempo­ra­li­tés, le plus neuf, étant aussi le dernier construit et comme surajouté à l’en­semble.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 118

L’étage premier est dénommé les profon­deurs, c’est très évoca­teur des commen­ce­ments et c’est cité en premier, je ne vois pas d’équi­voque ici. Par ailleurs, on retrouve fidè­le­ment la mise en place de la struc­ture penta­dique selon Heideg­ger : le quadri­parti est contenu dans un cinquième concept qui l’en­globe. La signa­ture de la quater­nité coule de source puisqu’elle est ordon­née.

Gurvitch

Les socié­tés globales
Les groupes sociaux
Les socia­bi­li­tés
Les paliers en profon­deur
Finale
Motrice
Formelle
Maté­rielle

François Simiand, citant Paul Lacombe, en tombait d’ac­cord et repre­nait à son compte l’af­fir­ma­tion de l’his­to­rien : « Il n’est pas de fait où ne puisse se distin­guer une part d’in­di­vi­duel et une part de social, une part de contin­gence et une part de régu­la­rité ».
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 102

J’ai pensé là à de beaux traits.

Histoire

Trait alpha
Régu­la­rité
Contin­gence
Trait bêta
Social
Indi­vi­duel

L’his­toire s’est employée dès lors, à saisir les faits de répé­ti­tion aussi bien que les singu­liers, les réali­tés conscientes aussi bien que les incons­cientes.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 103

Histoire

Trait alpha
Répé­ti­tion
Faits
Singu­liers
Trait bêta
Cons­cientes
Réali­tés
Incons­cientes

Le struc­turé et le non struc­turé, os et chair du social
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 102

Histoire

Trait bêta
Struc­turé
Non struc­turé

Réca­pi­tu­la­tif des traits

Trait alpha
Temps long Diachro­nie Régu­la­rité Faits de répé­ti­tion
Temps court Synchro­nie Contin­gence Faits singu­lier

Trait bêta
Social Réali­tés conscientes Struc­turé
Indi­vi­duel Réali­tés incons­cientes Non struc­turé

Réca­pi­tu­la­tif du quater­naire

Struc­ture
Conjonc­ture
Evéne­ment
Fait divers
Les socié­tés globales
Les groupes sociaux
Les socia­bi­li­tés
Les paliers en profon­deur

Mattéi – Heideg­ger et Hölder­lin. Le Quadri­parti

Heideg­ger et Hölder­lin. Le Quadri­parti
Jean-François Mattéi

Ce livre là est celui qui a assis en moi ce qui n’était encore qu’une impres­sion : Heideg­ger a dési­gné toute sa vie durant l’objet qui est aussi celui de ma quête depuis deux décen­nies. Muni de cette confir­ma­tion j’ai enfin trouvé un sol solide, une conni­vence certes encore diffi­cile à cerner, mais nette­ment établie.

Tout en rete­nue dans ce livre, Jean François Mattéi est celui qui a exposé clai­re­ment ce que tout le monde refuse de recon­naître chez Heideg­ger, la quête perma­nente d’un méta­phy­si­cien croyant en autre chose que la Sainte et Intou­chable Raison des raison­neurs. Oui, un croyant. Et pour être plus précis, un croyant sachant qu’il croit, par oppo­si­tion à ceux qui croyant ne rien croire prétendent déte­nir une vérité hégé­mo­nique.

Le langage de Heideg­ger est hermé­tique. Il l’est pour tout le monde, mais il s’éclaire si l’on connaît la constante chez ce penseur. Depuis ses 18 ans, âge auquel on lui a offert la fameuse disser­ta­tion de Franz Bren­tano il n’a pas changé de direc­tion, même lors du tour­nant.

Mattéi est celui qui a osé dire ces choses. On peut lire des tas de livre érudits ou simples sur Heideg­ger qui passent toutes à côté du plus impor­tant en un silence pesant. J’avais débuté avec le livre « Heideg­ger » de Georges Stei­ner, qui m’a tout dit, mais sans l’es­sen­tiel. C’est un excellent exemple de ce que j’ai rencon­tré partout ailleurs que chez Mattéi et ses amis.

Quatrième de couver­ture

Heideg­ger a voulu rani­mer la ques­tion du sens de l’être en prenant le « tour­nant » qui, en même temps que son dépas­se­ment, effec­tue l’ap­pro­pria­tion de la méta­phy­sique. Si celle-ci ne peut saisir la dimen­sion origi­naire dans laquelle elle se déploie, il lui reste à évoquer l’énigme de sa prove­nance : ce dont on ne peut parler, il faut le dire.

Telle est cette unique pensée que Heideg­ger a retrou­vée dans la poésie hölder­li­nienne, des cours sur La Germa­nie et Le Rhin à la confé­rence Terre et Ciel de Hölder­lin. On a inter­prété la rencontre des deux écri­vains souabes, dans leur appel au « retour­ne­ment natal », comme une justi­fi­ca­tion du tota­li­ta­risme, et l’on a dénoncé, avec Adorno, ce pathos de l’ori­gine qui réduit la pensée à une fixa­tion narcis­sique au peuple alle­mand.

Il n’y a pour­tant aucune confu­sion entre le mythe natal et la mytho­lo­gie nazie. Ce que Heideg­ger a cher­ché dans Hölder­lin, c’est moins le poète de la terre-mère que l’épreuve de la vérité de l’être qui commande le quadrillage de la méta­phy­sique. C’est bien Aris­tote, avec le concert des quatre causes, qui a conduit Heideg­ger sur la voie de Hölder­lin.

Car si l’étant se dit de multiples façons, pourquoi ces façons se trouvent-elles au nombre de quatre ? L’énigme de la méta­phy­sique recouvre l’énigme de l’ « autre pensée », celle qui ouvre le monde selon les nervures du Quadri­parti. Terre et Ciel, Divins et Mortels expriment les harmo­niques de l’être où, à la croi­sée des chemins, s’unissent ce que le penseur nomme les « puis­sances de l’ori­gine », et le poète, les « voix du Destin ».

J.-F.M.

https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/2003-v59-n3-ltp757/008800ar.pdf

Bren­tano – Aris­tote les diverses accep­ta­tions de l’être

Aris­tote les diverses accep­ta­tions de l’être
Franz Bren­tano

Quatrième de couver­ture

Cette disser­ta­tion légen­daire de Franz Bren­tano (1838–1917), éditée à Fribourg en 1862, prend pour fil conduc­teur de son inter­pré­ta­tion de la « méta­phy­sique » comme science de « l’être en tant qu’être » le leit­mo­tiv : « l’être se dit pluriel­le­ment ». Mais quelle en est alors la signi­fi­ca­tion directe et unitaire ?
L’am­bi­tion de Bren­tano est de recons­ti­tuer une doctrine dont il s’agit à la fois de montrer et de sauver la cohé­rence. Le primat accordé à l’ac­cep­ta­tion caté­go­riale de l’être amène à resti­tuer un « arbre généa­lo­gique » des caté­go­ries dont le chatoie­ment corres­pond stric­te­ment à la diver­sité des modes de prédi­ca­tion de la « substance première ». Même si la ques­tion reste posée de savoir si la pluri­vo­cité de l’être se ramène essen­tiel­le­ment à la diver­sité caté­go­riale, ou si, au contraire, les caté­go­ries n’illus­trent qu’une plura­lité restreinte, au sein d’une accep­ta­tion de l’être dont elles déclinent les « moda­li­tés » ou les « figures », mais dont rien ne dit qu’elle serait souve­raine, cette magis­trale initia­tion demeure un jalon incon­tour­nable dans l’his­toire de la réap­pro­pria­tion moderne d’Aris­tote et du problème que pose la consti­tu­tion d’une onto­lo­gie.

Traduit de l’al­le­mand par Pascal David, profes­seur à l’uni­ver­sité de Brest.

Vrin – Biblio­thèque des Textes Philo­so­phiques
208 pages –
ISBN 978–2–7116–1127–0 – décembre 1992