Brau­del

Fernand Brau­del réclame l’uni­fi­ca­tion des sciences sociales.

« Mais elle répond chez moi à un désir d’uni­fi­ca­tion, même auto­ri­taire, des diverses sciences de l’homme, pour les soumettre moins à un marché commun qu’à une problé­ma­tique commune, qui les libè­re­rait de quan­tité de faux problèmes, de connais­sances inutiles et prépa­re­rait, après les élaguages et mises au point qui s’im­posent, une future et nouvelle diver­gence, capable alors d’être féconde et créa­trice. Car un nouveau lance­ment des sciences de l’homme s’im­pose.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 105

Evidem­ment, j’abonde. Pour toutes les sciences.

Brau­del ignore l’a priori quadri­parti ou même triparti.

L’his­toire se situe à des paliers diffé­rents, je dirais volon­tiers trois paliers, mais c’est façon de parler, en simpli­fiant beau­coup. C’est dix, cent paliers qu’il faudrait mettre en cause, dix, cent durées diverses.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 112

Il ne cherche donc pas à confron­ter sa pensée au contact de la typo­lo­gie quadri­par­tie aris­to­té­li­cienne, ni ne cherche à en isoler les traits.

Pour­tant on discerne bien l’ac­crois­se­ment clas­sique avec le temps court ou long comme trait alpha, ainsi que son pendant socio­lo­gique.

Histoire

Trait alpha
Long
Temps
Court

Socio­lo­gie

Trait alpha
Diachro­nie
Synchro­nie

Puis nous avons les paliers, au nombre de trois, donc : événe­ment, conjonc­ture et struc­ture. On peut tenter un clas­se­ment comme tripli­cité, avec l’af­fir­ma­tion : « la conjonc­ture va de l’évé­ne­ment à la struc­ture », ce qui ne manque pas d’in­té­rêt, mais sans être en accord avec Brau­del. Essayer une quater­nité implique de trou­ver un terme manquant. Ressort de la lecture un candi­dat :

Le fait divers (sinon l’évé­ne­ment, ce socio­drame) est répé­ti­tion, régu­la­rité, multi­tude, et rien ne dit, de façon abso­lue, que son niveau soit sans ferti­lité ou valeur scien­ti­fique. Il faudrait y regar­der de près.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 113

Cela nous rappelle immanqua­ble­ment l’ou­bli de l’être. Dés lors, je pose cette équa­tion comme une expé­rience, postu­lant l’ou­bli du premier palier par l’his­toire :

Brau­del

Struc­ture
Conjonc­ture
Evéne­ment
Fait divers
Finale
Motrice
Formelle
Maté­rielle

Le mot de palier est sorti de la pensée de Georges Gurvitch et s’ac­cli­mate, tant bien que mal, chez nous. Nous dirons qu’il y a des paliers de la réalité histo­rique, plus encore des paliers de l’ex­pli­ca­tion histo­rique et par suite des paliers possibles de l’en­tente ou de la polé­mique histo­rico-socio­lo­gique : on peut se dispu­ter ou se récon­ci­lier en chan­geant d’éta­ge…
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 108

Le vaste édifice social de Georges Gurvitch selon cinq archi­tec­tures essen­tielles : les paliers en profon­deur, les socia­bi­li­tés, les groupes sociaux, les socié­tés globales, les temps, ce dernier écha­fau­dage, celui des tempo­ra­li­tés, le plus neuf, étant aussi le dernier construit et comme surajouté à l’en­semble.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 118

L’étage premier est dénommé les profon­deurs, c’est très évoca­teur des commen­ce­ments et c’est cité en premier, je ne vois pas d’équi­voque ici. Par ailleurs, on retrouve fidè­le­ment la mise en place de la struc­ture penta­dique selon Heideg­ger : le quadri­parti est contenu dans un cinquième concept qui l’en­globe. La signa­ture de la quater­nité coule de source puisqu’elle est ordon­née.

Gurvitch

Les socié­tés globales
Les groupes sociaux
Les socia­bi­li­tés
Les paliers en profon­deur
Finale
Motrice
Formelle
Maté­rielle

François Simiand, citant Paul Lacombe, en tombait d’ac­cord et repre­nait à son compte l’af­fir­ma­tion de l’his­to­rien : « Il n’est pas de fait où ne puisse se distin­guer une part d’in­di­vi­duel et une part de social, une part de contin­gence et une part de régu­la­rité ».
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 102

J’ai pensé là à de beaux traits.

Histoire

Trait alpha
Régu­la­rité
Contin­gence
Trait bêta
Social
Indi­vi­duel

L’his­toire s’est employée dès lors, à saisir les faits de répé­ti­tion aussi bien que les singu­liers, les réali­tés conscientes aussi bien que les incons­cientes.
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 103

Histoire

Trait alpha
Répé­ti­tion
Faits
Singu­liers
Trait bêta
Cons­cientes
Réali­tés
Incons­cientes

Le struc­turé et le non struc­turé, os et chair du social
Fernand Brau­del – Écrits sur l’his­toire, page 102

Histoire

Trait bêta
Struc­turé
Non struc­turé

Réca­pi­tu­la­tif des traits

Trait alpha
Temps long Diachro­nie Régu­la­rité Faits de répé­ti­tion
Temps court Synchro­nie Contin­gence Faits singu­lier

Trait bêta
Social Réali­tés conscientes Struc­turé
Indi­vi­duel Réali­tés incons­cientes Non struc­turé

Réca­pi­tu­la­tif du quater­naire

Struc­ture
Conjonc­ture
Evéne­ment
Fait divers
Les socié­tés globales
Les groupes sociaux
Les socia­bi­li­tés
Les paliers en profon­deur

Mattéi – Heideg­ger et Hölder­lin. Le Quadri­parti

Heideg­ger et Hölder­lin. Le Quadri­parti
Jean-François Mattéi

Ce livre là est celui qui a assis en moi ce qui n’était encore qu’une impres­sion : Heideg­ger a dési­gné toute sa vie durant l’objet qui est aussi celui de ma quête depuis deux décen­nies. Muni de cette confir­ma­tion j’ai enfin trouvé un sol solide, une conni­vence certes encore diffi­cile à cerner, mais nette­ment établie.

Tout en rete­nue dans ce livre, Jean François Mattéi est celui qui a exposé clai­re­ment ce que tout le monde refuse de recon­naître chez Heideg­ger, la quête perma­nente d’un méta­phy­si­cien croyant en autre chose que la Sainte et Intou­chable Raison des raison­neurs. Oui, un croyant. Et pour être plus précis, un croyant sachant qu’il croit, par oppo­si­tion à ceux qui croyant ne rien croire prétendent déte­nir une vérité hégé­mo­nique.

Le langage de Heideg­ger est hermé­tique. Il l’est pour tout le monde, mais il s’éclaire si l’on connaît la constante chez ce penseur. Depuis ses 18 ans, âge auquel on lui a offert la fameuse disser­ta­tion de Franz Bren­tano il n’a pas changé de direc­tion, même lors du tour­nant.

Mattéi est celui qui a osé dire ces choses. On peut lire des tas de livre érudits ou simples sur Heideg­ger qui passent toutes à côté du plus impor­tant en un silence pesant. J’avais débuté avec le livre « Heideg­ger » de Georges Stei­ner, qui m’a tout dit, mais sans l’es­sen­tiel. C’est un excellent exemple de ce que j’ai rencon­tré partout ailleurs que chez Mattéi et ses amis.

Quatrième de couver­ture

Heideg­ger a voulu rani­mer la ques­tion du sens de l’être en prenant le « tour­nant » qui, en même temps que son dépas­se­ment, effec­tue l’ap­pro­pria­tion de la méta­phy­sique. Si celle-ci ne peut saisir la dimen­sion origi­naire dans laquelle elle se déploie, il lui reste à évoquer l’énigme de sa prove­nance : ce dont on ne peut parler, il faut le dire.

Telle est cette unique pensée que Heideg­ger a retrou­vée dans la poésie hölder­li­nienne, des cours sur La Germa­nie et Le Rhin à la confé­rence Terre et Ciel de Hölder­lin. On a inter­prété la rencontre des deux écri­vains souabes, dans leur appel au « retour­ne­ment natal », comme une justi­fi­ca­tion du tota­li­ta­risme, et l’on a dénoncé, avec Adorno, ce pathos de l’ori­gine qui réduit la pensée à une fixa­tion narcis­sique au peuple alle­mand.

Il n’y a pour­tant aucune confu­sion entre le mythe natal et la mytho­lo­gie nazie. Ce que Heideg­ger a cher­ché dans Hölder­lin, c’est moins le poète de la terre-mère que l’épreuve de la vérité de l’être qui commande le quadrillage de la méta­phy­sique. C’est bien Aris­tote, avec le concert des quatre causes, qui a conduit Heideg­ger sur la voie de Hölder­lin.

Car si l’étant se dit de multiples façons, pourquoi ces façons se trouvent-elles au nombre de quatre ? L’énigme de la méta­phy­sique recouvre l’énigme de l’ « autre pensée », celle qui ouvre le monde selon les nervures du Quadri­parti. Terre et Ciel, Divins et Mortels expriment les harmo­niques de l’être où, à la croi­sée des chemins, s’unissent ce que le penseur nomme les « puis­sances de l’ori­gine », et le poète, les « voix du Destin ».

J.-F.M.

https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/2003-v59-n3-ltp757/008800ar.pdf

Bren­tano – Aris­tote les diverses accep­ta­tions de l’être

Aris­tote les diverses accep­ta­tions de l’être
Franz Bren­tano

Quatrième de couver­ture

Cette disser­ta­tion légen­daire de Franz Bren­tano (1838–1917), éditée à Fribourg en 1862, prend pour fil conduc­teur de son inter­pré­ta­tion de la « méta­phy­sique » comme science de « l’être en tant qu’être » le leit­mo­tiv : « l’être se dit pluriel­le­ment ». Mais quelle en est alors la signi­fi­ca­tion directe et unitaire ?
L’am­bi­tion de Bren­tano est de recons­ti­tuer une doctrine dont il s’agit à la fois de montrer et de sauver la cohé­rence. Le primat accordé à l’ac­cep­ta­tion caté­go­riale de l’être amène à resti­tuer un « arbre généa­lo­gique » des caté­go­ries dont le chatoie­ment corres­pond stric­te­ment à la diver­sité des modes de prédi­ca­tion de la « substance première ». Même si la ques­tion reste posée de savoir si la pluri­vo­cité de l’être se ramène essen­tiel­le­ment à la diver­sité caté­go­riale, ou si, au contraire, les caté­go­ries n’illus­trent qu’une plura­lité restreinte, au sein d’une accep­ta­tion de l’être dont elles déclinent les « moda­li­tés » ou les « figures », mais dont rien ne dit qu’elle serait souve­raine, cette magis­trale initia­tion demeure un jalon incon­tour­nable dans l’his­toire de la réap­pro­pria­tion moderne d’Aris­tote et du problème que pose la consti­tu­tion d’une onto­lo­gie.

Traduit de l’al­le­mand par Pascal David, profes­seur à l’uni­ver­sité de Brest.

Vrin – Biblio­thèque des Textes Philo­so­phiques
208 pages –
ISBN 978–2–7116–1127–0 – décembre 1992

Heideg­ger – Une quadruple expé­rience de l’être

Expé­rience de l’être comme
Pur adve­nir (Erei­gnis)
Éclo­sion (aletheïa)
Présence (Anwe­sen­heit)
Surgis­se­ment (Physis)

« Très tôt s’est imposé à Heideg­ger une expé­rience de l’être comme surgis­se­ment (physis), présence (Anwe­sen­heit), éclo­sion (aletheia) et pur adve­nir (Erei­gnis). Or, selon Heideg­ger, cette expé­rience en est une qui s’offre à l’homme de manière insigne et qui a même besoin de lui, car sans lui, cette ouver­ture, cette échap­pée de l’être ne serait pas. »

Heideg­ger l’énigme de l’être, page 63, Jean Gron­din.

Les 4 parties de l’âme

Cette signa­ture ci, en tant que quater­nité, est de moi, quoique la compa­rai­son par clai­rière montre qu’il m’a fallu au final, si beau­coup de temps, bien peu d’ima­gi­na­tion pour la réali­ser.

Âme
Raison
Courage
Sagesse
Désir
4 causes
Finale
Effi­ciente
Formelle
Maté­rielle

Clai­rière

3 quater­ni­tés
Raison Tête Logis­ti­kon
Courage Poitrine Thumos
Sagesse Cœur Sophia
Désir Sexe Epithu­mia

Céline Belloq

Céline Belloq – Être soi avec Heideg­ger p 65Ce bien être semble prove­nir d’une adéqua­tion entre un état inté­rieur (inten­tions et objec­tifs) et un état exté­rieur (actions et fina­li­tés)

Traits

Trait alpha
État exté­rieur
État inté­rieur

Quater­nité
Fina­li­tés
Actions
Objec­tifs
Inten­tions
4 causes
Finale
Effi­ciente
Formelle
Maté­rielle

Kant – Caté­go­ries

Kant donne un carac­tère systé­ma­tique à la table aris­to­té­li­cienne des caté­go­ries qu’il regroupe en quatre groupes (quan­tité, qualité, rela­tion, moda­lité ) de trois. Ces caté­go­ries sont des formes ou cadres univer­sels néces­saires pour saisir les phéno­mènes.

Traits

Trait alpha
Ratio­na­lité analy­tique
Causa­lité synthé­tique

Caté­go­ries
Moda­lité
Rela­tion
Qualité
Quan­tité
4 causes
Finale
Effi­ciente
Formelle
Maté­rielle

Analy­tique des concepts