Heidegger n’a rien contre la technique ni contre le platonisme, il estime seulement que la construction d’un être qui serait soumis d’emblée à une visée comptable de rationalisation vient peut être obnubiler l’expérience du don gratuit de l’être, qui éclôt sans pourquoi.
De là l’idée heideggérienne – très simple au fond – d’un oubli de l’être qui aurait marqué toute la métaphysique. Il ne s’agit pas d’une thèse sur un thème qui aurait été malencontreusement oublié dans les manuels de métaphysique, mais d’un jugement porté sur la conception technicienne de l’être qui ensorcelle autant notre temps. Conception qui a ses raisons et ses succès, mais qui tend à réduire l’être à l’ordre du productible, camouflant ainsi l’indisponibilité plus ancienne de l’être.
Heidegger L’énigme de l’être pages 66–67
Le malaise de certains interprètes et lecteurs de Heidegger devant la figure du Quadriparti, pour ne rien dire de l’indifférence des autres, témoigne de l’incapacité de la raison moderne d’accueillir une parole qui échappe à toutes ses catégories.
Jean François Mattéi – L’ordre du monde page 198
La pensée ne commencera que lorsque nous aurons appris que cette chose tant magnifiée depuis des siècles, la raison, est la contradiction la plus acharnée de la pensée.
Idem, page 191
Je postule que, par pensée, Heidegger veut dire sagesse. C’est le seul moyen de voir clair, même si pour Platon, pensée s’accorde à raison et intellect à sagesse.