On peut dire que dans ce livre Mattéi se laisse aller à moins de retenue que d’habitude. La quatrième de couverture donne une idée de cela :
L’ordre du monde : l’expression paraîtra suspecte à ceux qui ont choisi le vide du concept contre la plénitude du sens et refusent à la raison moderne le droit de reconnaître sa quadruple racine pour édifier une éthique à la mesure de l’être.
C’est de la colère.
On peut bien, aujourd’hui, oublier l’injonction cartésienne de changer plutôt ses désirs que l’ordre du monde, et se satisfaire, Ciel et Terre abolis, d’une raison qui achève son empire sur un désert. C’est toujours le monde, finalement, qui a le dernier mot.
Et du pessimisme, de l’impuissance qui fait écho au désarroi de Heidegger face à l’incompréhension.
C’est encore un ouvrage clé pour moi. Celui ci m’a montré qu’une colère sourd de cette lignée d’érudits. Elle me les rend plus réels. Le contenu de ce livre revient inlassablement sur le problème de l’oubli de l’Être, conjugué en « Oubli de l’oubli de l’Être » par le contemporain qui semble admirer Heidegger, mais l’enferme dans une parfaite incompréhension de son œuvre.
J’ai enfin vraiment compris par ce livre que j’avais des frères en pensée, sorte de consécration de 20 années de recherches. J’ai aussi pu oser apposer la signature de l’Ordre et du Désordre, notion au centre du monde depuis Zoroastre, fondateur du premier des monothéismes.
J’emprunte désormais l’expression « L’ordre du monde » en fondant sa légitimité sur ce livre, œuvre d’un ami en pensée.