Struc­ture de la base de données des onto­lo­gies formelle – 2

Hier j’ai relu le texte que vous venez peut-être de lire. J’ai enlevé quelques fautes, j’ai changé quelques rares tour­nures, mais je n’ai pas touché au sens du texte… Et ce n’est pas faute d’en avoir eu l’oc­ca­sion. J’ai pris une grande déci­sion rédac­tion­nelle géné­rique, je vais essayer de m’y tenir. Mon style d’écri­ture ce n’est pas que de la litté­ra­ture, c’est aussi du fonc­tion­ne­ment. Il faudra en passer par Feye­ra­bend pour savoir vrai­ment de quoi je parle. Il y a un énorme combat derrière tout cela, qui n’est pas juste le mien, qui est civi­li­sa­tion­nel.

Je pense beau­coup en parlant. C’est mon type inné qui veut ça et pas une éduca­tion. Parler, ça se fait avec des gens. Or je n’ai pas de gens à qui parler, donc j’écris, c’est un succé­dané pour moi, mais ce n’est pas sans inté­rêt, évidem­ment. Quand j’écris, je réflé­chis un peu diffé­rem­ment que quand je parle, et puis personne ne vient soit me pertur­ber, soi me redi­ri­ger là où je ne serai pas allé sinon. Mais je réflé­chis quand même et du coup la pensée que j’ins­cris change au fur et à mesure. C’est comme ça. Tout le monde ne fonc­tionne pas de cette manière. Rete­nons que tous les modes d’être sont utiles et que c’est bien mieux de connaître le sien, plutôt qu’es­sayer de se confor­mer à l’im­pres­sion géné­rale de ce que devrait être le fonc­tion­ne­ment parfait. Oui, c’est à moi que je fais la leçon, j’ai beau savoir tout ça depuis long­temps, certaines croyances infé­rio­ri­santes demeurent.

J’étais ce matin devant un dilemme : soit je réécris les parties qui ont changé depuis hier, comme si je savais déjà tout, comme un scien­ti­fique qui a un plan et qui va droit au but, c’est ce que j’au­rais fait avant ; soit j’uti­lise les circons­tances pour faire diffé­rentes choses plutôt hors sujet. J’ai déjà choisi de façon géné­rique de lais­ser libre cours à mon style au sens large du terme, mais voilà, je me confronte aux consé­quences d’un tel choix et je dois les assu­mer, même si cela me dévie de ma route. En tout cas, voici ce qui me conforte dans cette direc­tion : j’ai pris plai­sir à me relire jusqu’au bout, ce qui est aussi génial que rare et je sais perti­nem­ment que quand je retouche trop un texte je le rends pénible à lire. Affron­tons donc en espé­rant garder le lecteur sur le fil où je veux l’em­me­ner.

Faisons un tout petit peu d’épis­té­mo­lo­gie. Dans ‘Contre la métho­de’ Feye­ra­bend nous rappelle les deux contextes de la science, celui de la décou­verte et celui de la justi­fi­ca­tion et c’est exac­te­ment l’ou­til qu’il nous faut ici. Dans la décou­verte on cherche à dire ‘Oui’ à quelque chose de neuf, on accepte même des défauts dans la chose construite, parce qu’elle est en construc­tion, évidem­ment. La justi­fi­ca­tion est forcé­ment très diffé­rente. D’abord elle est seconde, on a admis la décou­verte, on l’a plus ou moins circons­crite et les choses n’évo­luent plus, ne doivent plus évoluer. Ce qu’on cherche, c’est préci­sé­ment l’ab­sence de défauts, l’ab­sence de ‘Non’ dans l’ex­pli­ca­tion du phéno­mène mis à nu.

  • [contextes de la science][décou­verte/justi­fi­ca­tion] 1101
  • [présence de ‘Oui’/absence de ‘Non’] 1101

Ces signa­tures sont compo­sées puisque les duali­tés qu’on étudie ici sont du domaine de l’in­tel­lect seul, donc avec le trait beta yang. C’est le même posi­tion­ne­ment analo­gique que pour [sagesse/raison] ou encore [eau/feu]. Et c’est là où je voulais en venir, c’est là encore le même posi­tion­ne­ment que le [mythos/logos] de l’ori­gine onto­lo­gique de la philo­so­phie, qui nous amène à [racon­ter/raison­ner]. Et oui, je raconte ! C’est ça mon style ! Et oui, c’est légi­time, c’est le contexte dans lequel je baigne natu­rel­le­ment, patho­lo­gique­ment honteux de lui alors que je sais parfai­te­ment que c’est à tort.

Rappro­chons un autre jeu de dualité de notre ensemble : [paral­lèle/sériel], [synchro­nie/diachro­nie], que je classe en alpha 1111. Fonc­tion­ner en paral­lèle, ou encore en synchro­nie c’est tendre à tout prendre en compte simul­ta­né­ment. Trans­posé au champ focal de l’œil c’est la vision péri­phé­rique. Ça caté­go­rise bien ce que je fais natu­rel­le­ment, je me balade sans carte, c’est le paysage qui dirige mes pas, je suis irra­tion­nel. Fonc­tion­ner en mode sériel, ou diachro­nique, c’est prendre les choses l’une à la suite de l’autre, dans une visée qui permet seule l’ex­haus­ti­vité, qui est la vision centrale selon le champ focal de l’œil. Le fait est que dans mon texte, je fais plusieurs choses à la fois, j’ex­plique mon compor­te­ment en faisant un peu de psycho­lo­gie, je vous montre ce que c’est que de faire de l’on­to­lo­gie formelle, j’ex­pose la largeur de mon champ analo­gique, je réflé­chis à mon analyse courante en modi­fiant des normes vielles de moins d’un jour, j’uti­lise des concepts nouveaux sans encore le mention­ner, j’ex­plique ce que je fais, etc. On est loin du gars qui dit je vais expliquer ma théo­rie de ‘A’ jusqu’à ‘Z’. Cela présume qu’il n’y aura jamais d’ex­haus­ti­vité de ma part sur le sujet, que je me répè­te­rai plus ou moins, que je me contre­di­rai parfois… Quel style ! J’au­rais tant aimé écrire ce bouquin où il y a tout et dire voilà ça-y est, ça, c’est-fait ! Merdre et corne­gi­douille, je vais y passer le restant de mes jours !

Bon, c’est pas mal, je revien­drai sur cette histoire de style pour l’élar­gir à autre chose que mes problèmes psy. Je l’ai dit au début, ma petite histoire est le micro­cosme de la grande. C’est ça l’on­to­lo­gie formelle, ça marche pour tout. On y revien­dra, reve­nons à notre analyse et profi­tons pour faire encore de l’on­to­lo­gie formelle, comment faire et ne pas faire.

Hier j’avais cinq critères pour vali­der mes équa­tions, aujourd’­hui je n’en ai plus que quatre. L’oc­ca­sion est trop belle pour ne pas montrer ce que n’est pas l’on­to­lo­gie formelle : un guide de la recherche. Allons-y : depuis 25 années j’es­saye de trou­ver des équa­tions valides et je rame à comprendre comment les vali­der. Je n’ai commencé à y parve­nir que dans cette analyse récente, et c’est ce concept que j’af­fine ‘en direct’ ici. J’ai trouvé des critères qui me semblaient corrects, ils reve­naient tout le temps, je les ai essayés est appa­rem­ment, ils marchent. Quand je vois que quelque chose « marche », c’est comme un Graal pour moi : la nature me dit qu’elle est d’ac­cord avec mes construc­tions, c’est un encou­ra­ge­ment à conti­nuer, comme disait Héra­clite, de « soule­ver les voiles d’Isis ».

Il faut bien comprendre qu’à ce stade-là, je n’ai pas utilisé le forma­lisme onto­lo­gique, je m’y suis refusé, ce n’est pas encore le moment. Le forma­lisme onto­lo­gique est un préjugé qui pour­rait influen­cer ma naïveté devant le phéno­mène qui m’in­té­resse. J’en connais qui appellent ça ‘le mental’, on vient impo­ser une struc­ture à quelque chose et du coup on passe à côté de l’es­sen­tiel. Ça fait bizarre, non ? Je vante un outil, mais je ne m’en sers pas pour mes propres pensées. Avec l’on­to­lo­gie formelle je ne prône aucun chan­ge­ment dans les us et coutumes des cher­cheurs. L’ab­sence de préjugé sur leur sujet est leur plus grande fortune, je ne vais pas tenter de leur en impo­ser une de plus, ils sont déjà trop bien servis.

Donc j’ai cinq critères qui semblent bien encer­cler de façon pratique la ques­tion de la vali­dité de l’équa­tion, qu’elle soit ou non forma­li­sée onto­lo­gique­ment, n’in­ter­vient pas direc­te­ment. J’ai d’ailleurs codé ma vali­da­tion pour qu’elle puisse encore dispo­ser d’autres critères éven­tuels, mon ensemble est ou n’est pas clos, je l’ignore et je ne veux abso­lu­ment pas, consciem­ment, postu­ler une chose qui pertur­be­rait mon obser­va­tion de la nature des choses.

Par contre je suis un outilliste, l’er­go­no­mie est centrale pour chacun de mes travaux de codage. C’est en me regar­dant utili­ser l’ou­til pour la vali­da­tion des équa­tions que ma réac­tion m’in­forme sur sa qualité. Je constate que je mélange constam­ment les critères 3 et 4 et que je dois donc toujours reve­nir à la défi­ni­tion, ça cloche, ce n’est pas assez natu­rel. J’ai essayé de les inter­chan­ger, c’est pareil. Ça montre bien que mon ordre d’ap­pa­ri­tion n’est pas si limpide. Si j’ai des diffi­cul­tés à faire fonc­tion­ner mon outil, je sais que ce sera pire pour mes utili­sa­teurs. Autre chose, je sais que l’œil humain est apte à perce­voir rapi­de­ment au maxi­mum des groupes de quatre objets. Au-delà, il lui faut du temps. Donc, si je pouvais réduire à quatre, j’y gagne­rais. Peut-être que l’er­go­no­mie me ramène indi­rec­te­ment à l’on­to­lo­gie, mais ce n’est pas la ques­tion, je ne m’in­té­resse toujours pas au forma­lisme de mes critères.

Procé­dons. Il y a un critère qui ne me paraît pas très impor­tant depuis qu’il est là, c’est la complé­tude. Déjà on voit tout de suite s’il manque des mots dans l’équa­tion, c’est une infor­ma­tion que l’on peut même calcu­ler par code, ce qui la rend diffé­rente des autres qui ont vrai­ment affaire à une portion du sens. Oui, mais cette infor­ma­tion est de nature à inva­li­der une équa­tion, elle doit être présente. Ne peut-elle être consi­dé­rée comme un problème avec la pureté du forma­lisme ? En effet, ça semble correct, une équa­tion à trou n’est pas pure­ment formelle. Mais dans ce cas est-elle son contraire, c’est-à-dire en l’état de mes assi­gna­tions, est-elle compo­sée ? Non, c’est faux. Je vous passe les chemi­ne­ments, la solu­tion, c’est de chan­ger le mot qui donne le contraire de pur. Ce n’est pas compo­sée, c’est autre chose, je n’ai pas encore ce mot, c’est en suspens. Ce qui m’im­porte vrai­ment c’est que l’équa­tion fran­chisse ou non le cap de la pureté et c’est tout. J’élar­gis le champ de la non-pureté à l’in­com­plé­tude et voilà tout, pour le moment du moins. J’ai fait ça dans mon code, en plus j’ai changé les valeurs d’af­fi­chage pour donner des ‘0’ et des ‘1’, mettant un ‘x’ si c’est indé­ter­miné. Là, je dois dire que ça va mieux, c’est même pas mal du tout. J’ai mis dans mes défi­ni­tions plusieurs mots qui servent à quelque chose, mais je vois que la vraie décan­ta­tion dans l’état actuel des choses tient dans seule­ment quatre mots binaires :

  • cohé­rence
  • netteté
  • pureté
  • justesse.

L’ef­fort est beau, soyons fous, faisons de l’on­to­lo­gie sur cette forme. Est-elle cohé­rente ? Oui, quand même. Le sens est-il net ? C’est pas mal, je n’ai aucune piste, mais ça peut sans doute mieux faire, le trouble commence là. La grande ques­tion suit : y a-t-il forma­lisme pur ? Il y typique­ment a deux approches complé­men­taires pour répondre à ça. La bonne et la rapide. La rapide, c’est trou­ver une forme très simi­laire dans son trous­seau. Des fois ça marche, ce n’est pas néces­sai­re­ment le cas ici. Donc il faut creu­ser : les quatre critères couvrent-ils l’en­semble du problème ? Je ne peux rien dire d’autre que ‘on dirait bien’, ce qui est déjà pas mal. Les critères se recoupent-ils, sont-ils redon­dants par endroit ? Même genre de réponse ‘on dirait bien que non’. Quant à la signa­ture, je ne peux que dire que c’est pas mal, on serait presque tenté de la compa­rer posi­ti­ve­ment aux quatre causes [maté­rielle/formelle/effi­ciente/finale]. Un argu­ment de plus en faveur de la signa­ture m’est venu en réflé­chis­sant à autre chose, les deux premiers critères pour­raient bien corres­pondre à un trait alpha du style ‘sen­tir’ et les deux autres ‘cal­cu­ler’ ([sentir/calcu­ler]), ça c’est inté­res­sant, ça donne du poids à l’idée et ça permet de perce­voir aussi qu’un trait beta se profile peut-être. J’en suis là de mes argu­ments, je n’ai pas signé là de nouvelle quater­nité, ou alors de l’ex­pé­ri­men­tale, il n’y a pas de certi­tude. Cela dit bien ce qu’est le travail de recherche onto­lo­gique formelle : « cent fois sur le métier remet ton ouvrage ». Avec les mois et les années d’autres mots plus justes vont se décan­ter et petit à petit cette liste de mots va proba­ble­ment deve­nir une équa­tion onto­lo­gique digne de ce nom, mais pour le moment je ne peux pas l’af­fir­mer, et c’est sans impor­tance, la caté­go­ri­sa­tion est là, elle marche et elle se teste toute seule.

Pour l’exemple que j’ai saisi au vol dans sa construc­tion, nous n’avons pas exac­te­ment de certi­tude, mais nous avons quand même quelques encou­ra­ge­ments. Et c’est là que l’on­to­lo­gie est tout à fait utile, elle est un juge impar­tial de la qualité des travaux des hommes. Quand un penseur a dépensé un temps infini sur son objet et qu’il termine son livre majeur sur une série de quatre mots, avec même parfois les deux traits, affir­mant que ces mots à eux seuls circon­cisent le sujet entier de son œuvre, qu’ils caté­go­risent d’après une profonde décan­ta­tion de sa pensée, l’on­to­lo­gie formelle est là pour lui dire : oui, ça colle. C’est Isis elle-même qui répond au cher­cheur.

L’on­to­lo­gie formelle, même si elle peut y prétendre, n’est pas néces­sai­re­ment un guide assuré pour la décou­verte, mais par contre elle est une vali­da­tion après coup d’un inté­rêt abso­lu­ment déme­suré pour nous terriens du XXIe, qui détour­nons d’elle notre regard avec une si grande constance.

Cette analyse n’est pas termi­née. Pour l’heure j’ai plutôt réduit les préten­tions de publi­ca­tion de ma base de données, tout en augmen­tant leur conci­sion, c’est un très bon point. La base de données ne contient pour l’heure en tout et pour tout que 5 champs : l’équa­tion, sa forme (qui ne mémo­rise en réalité que le trait), sa vali­dité (qui est un énorme progrès), sa coche de protec­tion et son texte libre.

La diffi­culté suivante pour moi, c’est de remplir la vali­dité et la coche de protec­tion de cette table, pour offrir un ensemble réel­le­ment cohé­rent au curieux.

Je remets la liste d’hier avec les nouvelles normes de vali­da­tion.

  • 1111 : [yin/yang], [nuit/jour], [tao][yin/yang], [terre/eau/air/feu]
  • 1011 : [Freud/Marx/Nietzsche/Einstein]
  • 1101 : [eau/air], [terre/feu], [les choses sensibles/le monde intel­li­gible]
  • 1001 : [peuple/][//guer­riers/gouver­nants]
  • 1011 : [arti­sans/prêtres/guer­riers/gouver­nants]
  • 1110 : [terre/eau/feu/air]
  • 1110 : [pair/impair]
  • 1110 : [incom­plets/complets]
  • 1101 : [valeurs][beau/bon/bien/vrai]
  • 1111 : [valeurs][sacré/juste][beau/bon/bien/vrai]

Je viens ajou­ter ensuite une signa­ture qui me fait chan­ger d’avis par rapport à hier sur le fait qu’un ensemble inco­hé­rent ne pouvait pas être étudié. La poésie peut aisé­ment four­nir des ensembles hété­ro­clites et flous qui sont parfai­te­ment formels et signables. La vali­da­tion commençant par ‘0’ n’est donc pas une chimère. Ce frag­ment d’Höl­der­lin s’éclaire quand on le compare avec les quatre saisons, on voit par cette méthode, que je disais rapide tout à l’heure, que son équa­tion touche profon­dé­ment à la justesse. D’autres équa­tions de mon trous­seau, qui est plus vaste pour l’ins­tant que ma base de données, pour­raient de la même façon éclai­rer cette équa­tion-là, comme celle des âges de l’homme par exemple. C’est là tout le jeu de la compa­rai­son analo­gique, dont un avan­tage parti­cu­lier est de ne pas forcé­ment devoir connaître tous les arcanes et toutes les finesses d’une réflexion donnée, pour savoir si elle est juste ou non.

  • 0011 : [nais­sance/élevage/rai de lumière/urgence]
  • 1111 : [hiver/prin­temps/été/automne]

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