Réini­tia­li­sa­tion – 2/2

J’ai évoqué le premier de deux travaux produc­tifs à publier, la base de données. Le second est la rédac­tion de la théo­rie.

Pour bien mettre les choses en place, la théo­rie de départ n’est abso­lu­ment pas la mienne, elle est d’abord chinoise et tient tout entière dans l’apho­risme majeur, conçu proba­ble­ment par Confu­cius sur la base de millé­naires de sagesse autant popu­laire qu’é­ru­dite : « Le tao va du yin au yang ». J’ai l’ha­bi­tude de dire que si je parve­nais à faire comprendre aux gens une unique chose, à savoir que tout est dit dans cette phrase et dans les textes chinois asso­ciés, n’im­porte qui abou­ti­rait fina­le­ment aux mêmes conclu­sions que moi. J’en suis certain en fait. Je consi­dère depuis long­temps cette phrase à elle seule comme étant un « petit mode d’em­ploi de la vie ».

Je suis extrê­me­ment sérieux là-dessus, c’est litté­ra­le­ment ce qu’elle est et je n’ai fait que me mettre à son service, parce que vous le savez tous, le mode d’em­ploi de la vie, en ce moment, à part l’argent roi, la crois­sance infi­nie, la menace coton­neuse, le mensonge vertueux, etc., on a pas grand-chose pour gran­dir psychique­ment à la mesure de nos sciences et de nos tech­no­lo­gies. Je lâche le mot : l’apho­risme chinois est l’axiome onto­lo­gique qui manque au monde. Les axiomes sont ce sur quoi se fonde toute science, sans eux pas de progrès. Ce sont des croyances raison­na­ble­ment admises par tous (l’axiome est par défi­ni­tion évident, indé­mon­trable et univer­sel), scien­ti­fiques ou non : le consen­sus ne peut être esquivé en ce domaine. Ceux qui méprisent la croyance en géné­ral se trompent fonda­men­ta­le­ment et empêchent le monde d’évo­luer. Ils sont les servi­teurs incons­cient de la pire des croyances : ils croient ne pas croire.

Dans cette quête je n’ai jamais été un inven­teur, jusqu’à récem­ment du moins. Toute ma concen­tra­tion s’est tour­née vers : comprendre, signer, accu­mu­ler, refor­mu­ler ce que les maîtres ont vu et que je vois moi aussi. J’ai toujours eu besoin de leurs lumières. L’état actuel de ce site présente cet effort qui est indu­bi­ta­ble­ment déjà parvenu à quelque chose d’iné­dit et de trou­blant, certains des rares visi­teurs s’en sont aperçu et me l’ont témoi­gné.

Mais depuis, quelque chose s’est passé, une porte était là devant moi depuis que j’ai cher­ché à repré­sen­ter les formes onto­lo­giques et je l’ai remarquée un jour, bien plus tard, au détour d’un gribouillage de plus sur des bouts de papier et d’une audace dont mon esprit ration­nel disait, « c’est n’im­porte quoi, tu te fais juste plai­sir, c’est du délire, etc. ». Le lende­main je pensais évidem­ment, « ça ne tien­dra pas » et j’ai plus ou moins laissé l’idée comme un élucu­bra­tion de plus de mon esprit fécond en ce genre de matière. En effet, le premier enthou­siasme passé, j’ai l’ha­bi­tude, les décou­vertes se cassent souvent la figure. Là appa­rem­ment c’est resté. L’idée est reve­nue, elle tenait bon. Petit à petit j’ai trouvé que j’avais un outil plus puis­sant pour lire les auteurs à onto­lo­gies, un repère nouveau, du genre éclai­rant. Je suis resté modeste, mais j’ai persisté et progres­si­ve­ment j’ai pu fonder une croyance consciente là-dessus, une axio­ma­tique plus détaillée que celle de l’apho­risme d’ori­gine. Ça fait main­te­nant peut être deux ans et j’ap­pelle désor­mais cela une théo­rie. Si ma base de données est si cohé­rente, c’est grâce à elle, c’est ce qui m’a permis de quali­fier les onto­lo­gies formelles comme cela n’a encore jamais été fait. J’ai en ma posses­sion un radar, qui semble infaillible, que je n’avais pas dans mes expé­riences précé­dentes. Ma nouvelle assu­rance tient à cela. J’en suis à penser qu’il s’agit là d’une bombe onto­lo­gique telle que tous ces géants du passé ont rêvé possé­der. Je rappelle que l’on­to­lo­gie est le commen­ce­ment de toute la philo­so­phie, que la philo­so­phie est mère de toutes les sciences, que les sciences sont la mesure offi­cielle de toutes choses actuel­le­ment, ce qui inclut la gouver­nance sous toutes ses formes et vous aurez une idée de l’im­por­tance de la chose, du moins pour des gens qui voudraient sincè­re­ment « chan­ger le monde » comme on le dit avec autant de faci­lité en ces temps étranges.

Ce n’est pas tout. Cette décou­verte, ma théo­rie, partait de l’état des lieux du savoir onto­lo­gique formel mondial que j’avais patiem­ment amon­celé et étudié. Je sentais qu’il y avait quelque chose à venir dans l’on­to­lo­gie de l’on­to­lo­gie, quelque chose d’im­por­tant à clôtu­rer, comme l’a fait magis­tra­le­ment en son temps Aris­tote pour la pensée onto­lo­gique grecque avec la quatrième cause, mais savais que je n’avais pas le niveau pour ça. J’au­rais telle­ment aimé pouvoir en parler à des génies vivants, les inter­ro­ger, les lais­ser m’ai­guillon­ner. Mais ce amis-là sont tous morts depuis long­temps. Les vivants croient qu’il n’y a rien à cher­cher par-là et se ferment les portes par conven­tion­na­lisme. Les univer­si­taires n’ont pas le droit et les auto­di­dactes se défi­nissent bien trop en fonc­tion d’une posture de rejet du savoir insti­tu­tion­nel, prenant son contre-pied par prin­cipe au lieu de penser, quand il le faut, à la fois avec et sans lui. L’on­to­lo­gie n’est pas un sujet simple, dont les mises en ordre du monde jaillissent d’un cerveau simple­ment parce qu’il est dispo­nible, il y a tant de gens persua­dés de pouvoir signer des équa­tions en un éclair, alors que c’est énor­mé­ment une ques­tion de culture du domaine étudié.

Je suis donc resté très passif sur les allées et venues de ces mots qui tour­naient inévi­ta­ble­ment dans mon esprit, mots qui ont habité la philo­so­phie dès sa nais­sance et qui forment son embase tout aussi puis­sante qu’om­ni­pré­sente, mais large­ment indé­fi­nie, tels que l’être, l’action, le sensible, la pensée, la raison, etc. Je n’y pouvais rien, dès que ça venait je prenais le sempi­ter­nel crayon-mine et j’es­sayais de construire. J’avais déjà le premier élément, l’alpha. C’est d’ailleurs lui qui m’avait mis en branle. Le second est venu des années après, il a assis ma réflexion, m’ame­nant à la voie royale vers le quater­naire, vers Aris­tote et la cohorte discrète de ceux qui l’ont suivi et le suivent encore sur cette voie. Le troi­sième s’est décanté il n’y a pas si long­temps, quand j’ai enfin rencon­tré un commen­ta­teur clair de Husserl sur ce sujet. Et voilà que j’ai décou­vert, toujours de la même façon, de manière abso­lu­ment impré­vi­sible, non pas le quatrième qui allait effec­ti­ve­ment venir ensuite, mais bien plus fort puisque cela allait répondre à une autre énorme ques­tion, le lien entre le quatrième et le premier, la boucle, le retour. J’en suis resté émer­veillé comme un qui regar­de­rait la mer pour la première fois. Cette forme, je l’ai montrée sépa­ré­ment à deux de mes tout proches amis, sans aucun mot. Eux qui sont satu­rés de mes manies, eux qui esquivent depuis long­temps sans la moindre finesse dès que je fais mine d’ame­ner le sujet, ont eu la même réponse : « oui, ça marche ». Ça m’a autant marqué que si par exemple Martin Heideg­ger venait me parler de mes trucs au détour d’un chemin campa­gnard.

Les choses étant ce qu’elles sont, je suis allé retrou­ver l’un de mes maîtres de papier, Gaston Berger. Je me suis souvenu qu’il avait proposé à la fin de son œuvre un quatrième qui ne m’avait jamais convaincu, et là j’ai vu qu’il avait très certai­ne­ment raison. C’est tout récent. Depuis je l’étu­die, je vis avec, cela entre douce­ment. Atten­tion, quand je parle du quatre chez Aris­tote et du quatre dans le contexte de cette théo­rie, je ne parle pas de la même chose, ce sont deux niveaux diffé­rents. Je parle du passage onto­lo­gique du niveau tétra­dique aris­to­té­li­cien à la promesse de l’hexa­dé­ca­dique (16). Je ne prétends en aucune façon avoir réalisé une telle forme ne serait-ce qu’une seule fois, je ne m’ap­pelle pas Kant pour oser cela, mais ce que je sais, c’est que cette théo­rie propose l’ou­til formel puis­sant pour que des penseurs à venir puissent y parve­nir dans leur domaine.

Ma deuxième tâche est donc d’écrire cette théo­rie, malgré mon inap­ti­tude crasse à bien écrire dans le domaine du sérieux scien­ti­fique et selon ses critères. Encore une fois, tant pis, ça me dépasse et le lecteur devra y mettre du sien.

Le format billet de blogue n’est pas terrible pour ce que je veux faire, mais l’ou­til est pratique. J’ai déjà fait diverses expé­riences de publi­ca­tion pilo­tée sous Word­press et je ne tiens pas à recom­men­cer sur une autre plate-forme, donc j’en reste­rai à cette solu­tion pour péren­ni­ser mes pauvres savoirs. Il y aura sans doute une série, non pas de billets, mais d’ar­ticles suppo­sés s’en­chaî­ner et dispo­sés dans un menu. Je le sais, il faut s’at­tendre à une struc­ture mouvante de ces menus pendant long­temps. C’est le problème quand on ne sait pas faire de plan textuel. Tout s’ex­pliquera pour qui se montrera tenace, mais il faudra s’adap­ter, jamais je n’écri­rais seul un livre bien rangé et avec tout dedans, ça au moins j’en suis certain.

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