J’ai évoqué le premier de deux travaux productifs à publier, la base de données. Le second est la rédaction de la théorie.
Pour bien mettre les choses en place, la théorie de départ n’est absolument pas la mienne, elle est d’abord chinoise et tient tout entière dans l’aphorisme majeur, conçu probablement par Confucius sur la base de millénaires de sagesse autant populaire qu’érudite : « Le tao va du yin au yang ». J’ai l’habitude de dire que si je parvenais à faire comprendre aux gens une unique chose, à savoir que tout est dit dans cette phrase et dans les textes chinois associés, n’importe qui aboutirait finalement aux mêmes conclusions que moi. J’en suis certain en fait. Je considère depuis longtemps cette phrase à elle seule comme étant un « petit mode d’emploi de la vie ».
Je suis extrêmement sérieux là-dessus, c’est littéralement ce qu’elle est et je n’ai fait que me mettre à son service, parce que vous le savez tous, le mode d’emploi de la vie, en ce moment, à part l’argent roi, la croissance infinie, la menace cotonneuse, le mensonge vertueux, etc., on a pas grand-chose pour grandir psychiquement à la mesure de nos sciences et de nos technologies. Je lâche le mot : l’aphorisme chinois est l’axiome ontologique qui manque au monde. Les axiomes sont ce sur quoi se fonde toute science, sans eux pas de progrès. Ce sont des croyances raisonnablement admises par tous (l’axiome est par définition évident, indémontrable et universel), scientifiques ou non : le consensus ne peut être esquivé en ce domaine. Ceux qui méprisent la croyance en général se trompent fondamentalement et empêchent le monde d’évoluer. Ils sont les serviteurs inconscient de la pire des croyances : ils croient ne pas croire.
Dans cette quête je n’ai jamais été un inventeur, jusqu’à récemment du moins. Toute ma concentration s’est tournée vers : comprendre, signer, accumuler, reformuler ce que les maîtres ont vu et que je vois moi aussi. J’ai toujours eu besoin de leurs lumières. L’état actuel de ce site présente cet effort qui est indubitablement déjà parvenu à quelque chose d’inédit et de troublant, certains des rares visiteurs s’en sont aperçu et me l’ont témoigné.
Mais depuis, quelque chose s’est passé, une porte était là devant moi depuis que j’ai cherché à représenter les formes ontologiques et je l’ai remarquée un jour, bien plus tard, au détour d’un gribouillage de plus sur des bouts de papier et d’une audace dont mon esprit rationnel disait, « c’est n’importe quoi, tu te fais juste plaisir, c’est du délire, etc. ». Le lendemain je pensais évidemment, « ça ne tiendra pas » et j’ai plus ou moins laissé l’idée comme un élucubration de plus de mon esprit fécond en ce genre de matière. En effet, le premier enthousiasme passé, j’ai l’habitude, les découvertes se cassent souvent la figure. Là apparemment c’est resté. L’idée est revenue, elle tenait bon. Petit à petit j’ai trouvé que j’avais un outil plus puissant pour lire les auteurs à ontologies, un repère nouveau, du genre éclairant. Je suis resté modeste, mais j’ai persisté et progressivement j’ai pu fonder une croyance consciente là-dessus, une axiomatique plus détaillée que celle de l’aphorisme d’origine. Ça fait maintenant peut être deux ans et j’appelle désormais cela une théorie. Si ma base de données est si cohérente, c’est grâce à elle, c’est ce qui m’a permis de qualifier les ontologies formelles comme cela n’a encore jamais été fait. J’ai en ma possession un radar, qui semble infaillible, que je n’avais pas dans mes expériences précédentes. Ma nouvelle assurance tient à cela. J’en suis à penser qu’il s’agit là d’une bombe ontologique telle que tous ces géants du passé ont rêvé posséder. Je rappelle que l’ontologie est le commencement de toute la philosophie, que la philosophie est mère de toutes les sciences, que les sciences sont la mesure officielle de toutes choses actuellement, ce qui inclut la gouvernance sous toutes ses formes et vous aurez une idée de l’importance de la chose, du moins pour des gens qui voudraient sincèrement « changer le monde » comme on le dit avec autant de facilité en ces temps étranges.
Ce n’est pas tout. Cette découverte, ma théorie, partait de l’état des lieux du savoir ontologique formel mondial que j’avais patiemment amoncelé et étudié. Je sentais qu’il y avait quelque chose à venir dans l’ontologie de l’ontologie, quelque chose d’important à clôturer, comme l’a fait magistralement en son temps Aristote pour la pensée ontologique grecque avec la quatrième cause, mais savais que je n’avais pas le niveau pour ça. J’aurais tellement aimé pouvoir en parler à des génies vivants, les interroger, les laisser m’aiguillonner. Mais ce amis-là sont tous morts depuis longtemps. Les vivants croient qu’il n’y a rien à chercher par-là et se ferment les portes par conventionnalisme. Les universitaires n’ont pas le droit et les autodidactes se définissent bien trop en fonction d’une posture de rejet du savoir institutionnel, prenant son contre-pied par principe au lieu de penser, quand il le faut, à la fois avec et sans lui. L’ontologie n’est pas un sujet simple, dont les mises en ordre du monde jaillissent d’un cerveau simplement parce qu’il est disponible, il y a tant de gens persuadés de pouvoir signer des équations en un éclair, alors que c’est énormément une question de culture du domaine étudié.
Je suis donc resté très passif sur les allées et venues de ces mots qui tournaient inévitablement dans mon esprit, mots qui ont habité la philosophie dès sa naissance et qui forment son embase tout aussi puissante qu’omniprésente, mais largement indéfinie, tels que l’être, l’action, le sensible, la pensée, la raison, etc. Je n’y pouvais rien, dès que ça venait je prenais le sempiternel crayon-mine et j’essayais de construire. J’avais déjà le premier élément, l’alpha. C’est d’ailleurs lui qui m’avait mis en branle. Le second est venu des années après, il a assis ma réflexion, m’amenant à la voie royale vers le quaternaire, vers Aristote et la cohorte discrète de ceux qui l’ont suivi et le suivent encore sur cette voie. Le troisième s’est décanté il n’y a pas si longtemps, quand j’ai enfin rencontré un commentateur clair de Husserl sur ce sujet. Et voilà que j’ai découvert, toujours de la même façon, de manière absolument imprévisible, non pas le quatrième qui allait effectivement venir ensuite, mais bien plus fort puisque cela allait répondre à une autre énorme question, le lien entre le quatrième et le premier, la boucle, le retour. J’en suis resté émerveillé comme un qui regarderait la mer pour la première fois. Cette forme, je l’ai montrée séparément à deux de mes tout proches amis, sans aucun mot. Eux qui sont saturés de mes manies, eux qui esquivent depuis longtemps sans la moindre finesse dès que je fais mine d’amener le sujet, ont eu la même réponse : « oui, ça marche ». Ça m’a autant marqué que si par exemple Martin Heidegger venait me parler de mes trucs au détour d’un chemin campagnard.
Les choses étant ce qu’elles sont, je suis allé retrouver l’un de mes maîtres de papier, Gaston Berger. Je me suis souvenu qu’il avait proposé à la fin de son œuvre un quatrième qui ne m’avait jamais convaincu, et là j’ai vu qu’il avait très certainement raison. C’est tout récent. Depuis je l’étudie, je vis avec, cela entre doucement. Attention, quand je parle du quatre chez Aristote et du quatre dans le contexte de cette théorie, je ne parle pas de la même chose, ce sont deux niveaux différents. Je parle du passage ontologique du niveau tétradique aristotélicien à la promesse de l’hexadécadique (16). Je ne prétends en aucune façon avoir réalisé une telle forme ne serait-ce qu’une seule fois, je ne m’appelle pas Kant pour oser cela, mais ce que je sais, c’est que cette théorie propose l’outil formel puissant pour que des penseurs à venir puissent y parvenir dans leur domaine.
Ma deuxième tâche est donc d’écrire cette théorie, malgré mon inaptitude crasse à bien écrire dans le domaine du sérieux scientifique et selon ses critères. Encore une fois, tant pis, ça me dépasse et le lecteur devra y mettre du sien.
Le format billet de blogue n’est pas terrible pour ce que je veux faire, mais l’outil est pratique. J’ai déjà fait diverses expériences de publication pilotée sous Wordpress et je ne tiens pas à recommencer sur une autre plate-forme, donc j’en resterai à cette solution pour pérenniser mes pauvres savoirs. Il y aura sans doute une série, non pas de billets, mais d’articles supposés s’enchaîner et disposés dans un menu. Je le sais, il faut s’attendre à une structure mouvante de ces menus pendant longtemps. C’est le problème quand on ne sait pas faire de plan textuel. Tout s’expliquera pour qui se montrera tenace, mais il faudra s’adapter, jamais je n’écrirais seul un livre bien rangé et avec tout dedans, ça au moins j’en suis certain.