Les psychologies de l’inné forment l’accès idéal à l’ontologie. Elles se réfèrent au second caractère ontologique de matérialité, le premier que l’on puisse appréhender puisque la conceptualisation en découle. Dans les faits, ce sont elles qui ont fournis l’accès premier à l’ontologie formelle depuis la nuit des temps.
J’ai pu discerner quatre psychologies de l’inné : le sexe, le style, la race et le QI. Elles semblent former une quaternité complète et ordonnée comme je les inscrit ici, mais je ne m’avance pas trop là-dessus, en tout cas sur l’ordre d’apparition.
Ces quatre formes sont génétiques, innées, nous naissons avec ces quatre déterminations personnelles et nous n’en changerons pas au cours de notre vie. Identifier leur génétique et leur immutabilité est une façon de présenter les choses qui est bien plus pratique et juste que de vouloir démontrer que chacune d’entre elle est ou n’est pas innée, laissant un doute constant sur leur pertinence. C’est ce que reproduit la Science à leur sujet, pour finir par les nier uniquement à cause de ce doute qu’elle crée et alimente elle-même. Vous pouvez constater par vous-même qu’aucune de ces quatre sciences légitimes n’est aujourd’hui enseignée dans le cursus universitaire. Pire encore, deux d’entre elles sont à la fois scandaleuses et ultra-politisées (sexe et race), une autre, le style, brille surtout par sa totale inexistence officielle et enfin le QI devient de plus en plus difficile à cacher, mais l’université résiste encore à le reconnaître.
Ce n’est pas anodin de foncer dans le tas comme je le fais au lieu de pinailler sur des choses indémontrables sans jamais avancer, c’est même presque dangereux, car c’est faire face au délabrement ontologique plein d’affirmation péremptoires du grand cirque politico-médiatique contemporain. Je n’invente pas cette concentration de sujets essentiels ni cette folie vécue dans une espèce d’unanimité civilisationnelle hégémonique : c’est l’outil ontologique formel qui me le désigne. Si je prends une telle position de départ, ce n’est certainement pas pour soulever de l’indignation ou pour punir des méchants, aucun intérêt.
Non, c’est pour montrer ce qui nous définit tous, car c’est à partir de cela que nous pensons : une détermination innée donnée parmi nombre d’autres. Nous voulons tous « changer le monde » selon l’expression consacrée : magnifique ! Mais pour cela il faut d’abord comprendre quelles sont nos erreurs les plus primitives, les plus essentielles, pour les changer, justement et relire ensuite le socle si ferme qui semble fonder nos certitudes et qui n’est parfois que vase et sables mouvants.
Penser, c’est à un certain moment penser à la place de l’autre, or la normativité sociale tend à placer en référence un seul ensemble de catégorisation comme sommet idéal de l’être, comme si un mode d’être et de penser était naturellement appelé à supplanter tous les autres dans un avenir radieux. À juger les autres catégories depuis sa seule catégorie sans les comprendre on ne fait que leur manquer de respect, on ne fait que les bafouer. Quand on a conscience de la nécessaire complémentarité des catégories ontologiques, on comprend à quel point c’est se tirer une balle dans le pied que de vouloir les transformer en la sienne.
C’est dans la psychologie de l’inné que le formalisme ontologique trouve sa source et sa lisibilité. Nier l’une, c’est nier l’autre. Rappelons-nous bien :
- que l’ontologie est le niveau le plus primaire, le « ras des pâquerettes » de la Philosophie ;
- que la Philosophie est « mère de toutes les Sciences » ;
- que toute administration terrestre découle de la vision Scientifique.
Que se passerait-il si la chaîne de pensées furieuses qui régit 7 milliards de personnes était reconstruite à partir d’une compréhension élargie de l’ordre du monde ?
Le couple primordial [femme/homme] est la première complémentarité remarquée par les humains, il est commun à toutes les cosmogonies, cosmologies, religions, etc., du monde. Nous pouvons juger de l’état psychique d’une civilisation à son discours sur cette ontologie première et chez nous, ce n’est pas terrible, c’est même plutôt la foire d’empoigne.
Voyez plutôt la pensée correcte du moment en Occident : « On ne nait pas femme, on le devient » a dit de Beauvoir. J’imagine que son explication est plus subtile que ce simple énoncé, mais c’est sans importance, car cette expression est prise à la lettre par un courant idéologique fondamentalement pertinent (le féminisme), mais qui a dérivé vers l’absurdité en devenant influent et instrumenté. « Rien ne différentie l’homme de la femme à la naissance » est le crédo manichéen qui écrase la « pensée » médiatique courante, ce qui dérange beaucoup de gens qui arrivent à penser quand même. Quelle plaisanterie : si tout le monde considère les femelles chiens plus douces que les mâles, c’est parce qu’elles sont élevées avec des poupées et pas des petits soldats ; pas d’inné on vous dit. Rideau. Il ne faut pas avoir peur de la bêtise, ça la renforce, il faut s’en moquer pour la révéler à ceux-là même qui la propagent.
J’ai identifié un schéma rhétorique terriblement banal qui préside au statuquo actuel sur la psychologie de l’inné et sur bien d’autres choses encore. Rappelons que la rhétorique est l’art de remporter un débat, qu’importe les moyens. La cajolerie, le mensonge, la menace et la posture d’autorité font partie de ces moyens autant que la logique. Ce qui est intéressant et presque paradoxal aujourd’hui, c’est que l’invention de la philosophie a littéralement découlé de l’identification du fonctionnement rhétorique confus des sophistes auquel est venue s’opposer la dialectique. Cette dernière renonce à toute décision d’ordre affective en se basant sur le dialogue raisonné entre les postures opposées. C’est un art du discernement, de la dissociation. L’ontologie formelle n’est rien d’autre que l’expression de cet art universel.
L’opposition [rhétorique/dialectique] de la Philosophie est accompagnée d’autres distinctions corollaires [sophistes/philosophes] et surtout de cette distinction majeure reconnue de tous comme acte de naissance de la Philosophie, le passage [muthos/logos] équivalent à [récit/science]. Comprenez bien que je me réfère ici au saint des saints de la philosophie et donc supposément à toute pensée Occidentale sérieuse. J’insiste là-dessus parce que la suite montre une lourde et récurrente contradiction institutionnelle avec cette origine à priori sacrée de toute notre époque mondialisée. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » : quand les moralistes sont immoraux, la situation est grave.
Établissons d’abord la forme de base de ce schéma conflictuel, son ossature : deux postures s’affrontent avec violence pour dominer le terrain, c’est la guerre ; il faut éradiquer l’autre, simplement pour continuer à exister. Au sein de ce banal schéma nous nous intéressons à un sous ensemble déterminé par la structuration ontologique récurrente suivante : les deux camps se heurtent entre eux selon deux postures ontologiquement complémentaires, ce qui implique que ces deux conceptions en concurrence sont toutes deux possiblement correctes et justifiées, mais selon un temps différent. Ce sous ensemble détermine le type de conflit qui m’intéresse ici, celui où, en fait, les deux parties ont raison simultanément. Le conflit n’a pas lieu d’être, mais les belligérants ne le savent pas ou ne veulent pas le savoir.
La première question que l’on doit se poser quand on rencontre, ou qu’on participe à, un conflit d’ampleur : s’agit-il à la base d’une complémentarité ou bien d’un antagonisme ? Souvent des sujets complémentaires sont traités à tort comme antagonistes comme dans le cas des plus célèbres de [inné/acquis], dialectique indubitablement complémentaire qui déchaîne pourtant des colères aussi monstrueuses qu’innombrables, où la dialectique est bafouée par ceux-là même qui s’en réclament, semant la confusion passionnelle dans leur sillage.
Donc premier constat : « les deux ont raison ». Mais voilà, les deux camps n’ont pas les moyens intellectuels (culturels ou idéologiques) d’admettre la coexistence du « vrai » selon deux explications complémentaires de la même partie du monde. Ils croient que si l’autre a raison, alors ils ont nécessairement tort et donc qu’ils vont perdre, qu’ils vont « mourir ». C’est évidemment insupportable. Quand la logique binaire voudrait trancher une analogique floue par essence « les deux ont tort ».
Ce schéma d’apparence paradoxale (les deux ont raison et tort en même temps) conduit le plus sûrement à la défaite des deux camps, car si l’un est victorieux et se sent en droit d’éradiquer l’autre il perd bêtement sa propre moitié ontologique parce qu’il n’en est pas conscient. Et dans les faits une telle éradication s’avère toujours un vœu pieux : le perdant nihiliste revient toujours en force après les échecs incontournables du victorieux nihiliste. Évidemment, l’idée de la vengeance, si elle est vivace, va conduire à renverser les camps sans rien changer à la situation. Notons toutefois que ce cycle de guerres n’est pas forcément stérile, les choses peuvent avancer tout de même, mais ce sera sous couvert de mauvaise foi : on aura quand même appris sur notre cause grâce à l’ennemi, mais de là à le reconnaitre il y a un gouffre. La paix entre les parties et l’évolution véritables des pensées n’adviennent que quand est instaurée l’idée de la coexistence naturelle des opposés.
Il y a tellement d’occurrences de ce schéma dans la recherche ontologique formelle, témoin du grotesque de certaines postures dites sérieuses, que j’imagine sérieusement la pertinence de l’encoder dans la base de données. Ce serait un nouveau type de données, orienté vers l’erreur.
Je n’ai pas encore fini avec ce schéma. Il se détaille encore pour clairement rejoindre le nihilisme primal de la Philosophie, celui qui découle du génie parménidien quand il annonce que « le néant n’existe pas, il ne faut donc pas en parler », qui dérive ensuite follement dans la foi moderne des Sciences qui ne dit jamais, mais qui agit toujours selon : « ce que nous ne comprenons pas à l’aide de la raison n’existe pas, c’est le néant, il ne faut donc pas en parler ». Certains appellent cela « nihilisme » (Nietzsche), d’autres « hyperrationalisme (rationalisme hégémonique) » (Weber), ceci pour rappeler que je ne suis loin d’être isolé dans la monstration de cette dérive centrale qui caractérise toute pensée Scientifique.
Donc, nous avons un type général de conflits de pensée, qui affirme une forme binaire là ou la distinction est ontologiquement complémentaire. Pour le moment j’ai considéré que les deux camps réagissaient de manière identique et que donc, « les deux ont tort et raison ». Mais que se passe-t-il si les positions sont différentes et qu’ainsi un camp admet une coexistence que l’autre renie ? En apparence c’est la même chose, deux camps sont irréductiblement opposés et resteront en guerre. Mais dans les faits l’un fait le chemin vers l’autre et vers la résolution du conflit, il ne nie pas l’existence de l’autre posture quand il défend la sienne.
Voyons si nous sommes au clair dans l’ontologie : si un conflit de ce type existe, c’est parce que deux postures coexistent. Tout dans le sujet du conflit donne à penser que ces deux postures sont ontologiquement définies (un trait, une opposition classique, etc.), par exemple pour l’innéité psychologique, c’est le trait bêta qui est au centre des guerres. Le camp soutenant l’influence de l’inné connaît parfaitement le rôle de l’acquis pour la personne, quand l’autre camp refuse abruptement tout rôle à l’inné. Les deux ont raison dans leur vision partielle du monde, mais celui qui refuse l’autre à tort pour la vision englobante qu’il répudie sans procès, d’autant facilement qu’il est en position d’autorité.
Et ici, la dérive de mon écriture faite d’apartés, nous ramène au centre du sujet à venir, les styles : un camp soutiendra plus naturellement ce qui correspond à son style cognitif dominant : un [irrationnel] penchera pour la coexistence et l’inclusion, un [rationnel] pour l’antagonisme et l’exclusion. C’est la nature des choses et je ne vois aucun inconvénient à cela, mais seulement il se passe autre chose : le comportement antagoniste se conforme à l’état actuel de la Science, c’est-à-dire hégémonique et persuadée que l’irrationnel n’existe pas. Voici le déséquilibre le plus marquant de notre époque : un camp tient pour les deux camps, l’autre pour lui seul. Vous savez où je me situe, perpétuant ma volonté de faire ce qui est juste : servir. Toute la limitation et tout le danger de l’époque tiennent dans le fait que ce schéma primal est sémantiquement tissé au plus profond de chacune de nos institutions, donc de nos êtres, sans plus aucun espace de remise en cause. L’université est, du moins dans les textes, supposée être ce lieu des possibles, mais dans les faits l’« amélioration » perpétuelle des enseignements nie de mieux en mieux cette essence dont elle est supposée être si fière. La stérilité guette au pays de la recherche Scientifique où il faut publier sans cesse, mais surtout sans sortir des clous, à cause de l’excommunication qui pend sans arrêt au nez du naïf.
La discussion [inné/acquis] est typiquement rendue à cette impasse : ceux qui ont le micro nient (on ne nait pas femme, l’inné n’existe pas) l’existence de la posture complémentaire soutenue en conscience par ceux qui n’ont pas le micro. Retenez ce « truc » : le marqueur infaillible de ce genre de situation est l’emploi d’affects, comme la colère ou mieux le mépris générateur de colère en face, lors de discussions prétendument scientifiques, prétendument raisonnées. À chaque fois que vous sentez venir de l’émotion dans ce genre de débats, c’est qu’il se passe quelque chose de non-dit, non-rationnel. Si l’on essaye d’appliquer ce schéma sur l’impasse de la discussion [femme/homme], l’affirmation « On ne nait pas femme on le devient », de strictement péremptoire, se transforme toute seule en « On nait femme et on le devient », qui admet le constructionnisme en restant essentialiste, en parfaite contradiction avec le constructionnisme qui a l’insigne bonté de ne pas strictement nier l’essentialisme, mais qui le considère à chaque fois qu’il l’évoque avec une commisération agacée jusque dans les cours de faculté auxquels j’ai pu assister. Je pense pouvoir dire en me référant à l’ontologie que ce féminisme-là, que l’on retrouve prof à la fac ou vedette médiatique, est contre le féminin quand il nie la part innée de l’être humain, le sexe, au profit exclusif de sa part acquise, le genre.
Vous devez savoir qu’un auteur féministe qui se ferait qualifier d’essentialiste se ferait automatiquement descendre par ses collègues féministes, oui « descendre » avec de l’affect condescendant. La plus grande d’entre les essentialistes (Caroll Gilligan) n’oublie jamais de se défendre de l’être dans l’un ou l’autre recoin de ses livres essentialistes, c’est son viatique pour continuer d’être respectée, contrainte à se renier officiellement bien qu’elle soit reconnue comme ayant amené le plus grand tournant féministe du XXème. C’est plutôt embarrassant.
Continuons. Ma quête ontologique a commencé aux styles psychologiques. J’ai compris qu’était venu le dernier jour de ma psychothérapie quand j’ai prononcé à haute voix cette apocalypse personnelle « Mais… je suis anima ! ». C’était aussi le premier instant de toute cette recherche ontologique, tout allait s’enchaîner ensuite. Si j’étais « ceci », alors d’autres seraient « cela », et j’ai commencé à envisager les gens autour de moi, pour me connaître en retour. Mais comment donc font les profs de Philo pour déclamer la plus haute exigence platonicienne, le « Connais-toi toi-même », alors même qu’ils veulent tous sans exception ignorer que Socrate, Platon et Aristote avaient chacun leur propre typologie des styles innés ? Quel est donc la nature de ce choc ? La vénérable et véritable « bible de l’Occident » que représente l’œuvre de ces trois génies du « Miracle Grec », serait-elle expurgée ?
Se connaître, vraiment ? Même si ce n’est pas un choix nécessairement binaire, déterminer le sexe des gens est facile dans l’énorme majorité des cas. Les critères du style cognitifs sont moins évidents, mais il peuvent être enseignés. Se connaître nous positionne chacun devant des critères innés nombreux et, nous en avons réellement conscience grâce au féminisme historique, profondément instrumentés depuis la nuit des temps. Si nous en sommes au point où l’époque ne parvient plus à faire le clair là-dessus, cela ne nous empêche pas de nous faire une idée de nous-mêmes selon ce critère de vaste portée.
Je ne suis pas, je ne l’ai jamais été, en posture de faire une étude ontologique à propos du sexe : trop de bruit et de fureur, en moi et dans le monde où je vis. Je sais que là réside le mystère et le merveilleux, mais je prends les choses sur un plan neutre ontologiquement, c’est presque une absence. C’est pour moi une énigme de classifier la distinction [féminin/masculin] au-delà du [yin/yang] évidemment, c’est-à-dire selon les formes ontologiques que je connais. Parfois je pense au trait alpha pour le sexe avec un genre en beta pourquoi pas, parfois je pense à quelque chose d’antérieur aux traits, ce qui est ontologiquement déstructurant, et d’autre fois encore je pense à une distinction simultanée sur l’ensemble des traits. C’est peut-être cette dernière hypothèse qui est la bonne, je n’en sais trop rien. Tout est tellement embrouillé là-dedans que j’ai choisi dès le début de ne pas trop m’y attarder.
En dehors de Gilligan déjà citée, je n’ai qu’un seul conseil de lecture ontologique pertinent sur le sexe, c’est un livre de gare : les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus. Je suis extrêmement sérieux. À ce qu’il me semble, personne d’autre n’est en mesure d’aborder le sujet aussi simplement et formellement bien entendu, que ne le fait John Gray, avec sa liste d’ontologies. Le fait en soi que je ne puisse que conseiller un livre à la réputation aussi peu établie doit être pris comme symptomatique du trouble à ce propos, trouble qui ne fait qu’empirer en ces temps étranges et dégradés où l’inversion orwellienne est la norme des médias.
La détermination des sexes est la première des déterminations de l’inné qui aide malgré tout à se connaître un tant soit peu. La seconde est celle des styles. Ici, pas de trouble, juste un néant parsemé de toutes petites lumières éparses, qui témoignent, par leur entêtement millénaire à survivre, de la solidité de la chose.
Vous voulez vous connaître ? Alors, commencez par mettre du style cognitif dans votre vie, appropriez-vous-en les nombreuses ontologies cohérentes et découvrez-en le fonctionnement chez les autres en observant comment cela se passe pour eux. Se comprendre à travers l’autre est la faculté exceptionnelle apportée par la connaissance des styles. Si j’ai donné en son temps à cette pratique le nom de code « l’exercice extraordinaire », ce n’est pas un hasard et je ne le renie pas aujourd’hui, c’est vraiment ce que c’est.
Mon « je suis anima » était une autorisation à être irrationnel, et à cesser de me culpabiliser d’être comme je suis venu sur cette terre, même si c’était en contradiction avec ce que la normativité scolaire et aussi parentale m’avaient fait considérer comme le bien, la bonne direction. Ceux qui m’ont lu attentivement savent que ce n’est pas ce que je considère comme un combat achevé. C’est plus une négociation constante, parfois harassée et parfois amusée, pourquoi pas ?
Dans l’étude des styles je ne discerne jamais le sexe. C’est à ma connaissance le cas pour tous les gens qui ont écrit sur le même sujet. En fait, on peut se contenter de penser que les constats de cette typologie fonctionnent indifféremment sur les sexes et par conséquent, on peut faire abstraction pour un temps de la différenciation des sexes. Je trouve ça reposant. La typologie des styles aboutit parfois à des comportements distincts entre femmes et hommes et dans ce cas, j’ai tendance à appliquer ce que je disais au-dessus, je considère que chaque trait est amplifié ou diminué dans le sens qui correspond au sexe, par exemple une femme [rationnelle] de cette époque, même Scientifiquement formée, est généralement, mais pas nécessairement, ontologiquement moins bornée que son pendant masculin.
Je ne vais parler dans la suite de ce fil que des styles. Comme je l’ai expliqué, le sexe est trop compliqué et entrelacé dans la construction historique et même préhistorique de nos pensées, pour en faire une référence ontologique vraiment solide et consensuelle, même s’il est incontournablement à l’origine de toute nos distinctions ontologiques. La race, quant à elle, n’est pas en l’état un sujet utile pour l’ontologie. C’est en fait un sujet bien trop dangereux de nos jours, dans une société qui transforme tout essai de ce thème en une condamnation arbitraire et sans appel, prononcée généralement d’un seul mot définitif d’une exemplarité monstrueuse, ardemment désignée aux foules pour leur vertueux défoulement. Et quand bien même, le peu de lectures forcément honteuses, interdites, salissantes et décriées que j’ai pu avoir sur ce sujet ne m’ont pas apporté grand-chose d’un point de vue ontologique formel. En clair, c’est ontologiquement une impasse encore pour longtemps. Ceci étant dit, il semble qu’un certain rapprochement avec les styles puisse être fécond, rapprochement qui semble apte à désamorcer la bombe raciale, du moins pour les ontologues. Je ne me priverai pas de ce petit écart prudent à la plus dangereuse des normes nihilistes, dangereuse parce qu’elle revêt les oripeaux de l’humanisme.
Quant au QI, eh bien c’est un sujet passionnant dans un autre cadre que l’ontologique formelle. Cela demeure encore un interdit, mais apparemment en lente voie de normalisation, interdit dont l’argumentaire nihiliste ne privilégie finalement que quelques chanceux d’être nés dans un milieu capable de discerner sans les tests la puissance de l’intelligence, c’est par exemple le milieu des lignées familiales, qu’elle soient aristocratiques, bourgeoises ou autres. Cette absence de vision unanime conduit, on le sait, aux échecs scolaires en série de gens très doués, échecs souvent définitifs de personnes simplement mal comprises au départ et balayées sous le tapis ensuite, comme autant d’anges déchus, que l’on retrouve souvent la nuit dans les bas-fonds des villes. Vous n’imaginez même pas le QI moyen de certains rades nocturnes, remplis de poivrots rigolards et autres fêtards toxicomanes…
La science du QI nous apprend cela et beaucoup d’autres choses plus subtiles encore, qui concernent la direction de l’évolution. Par ailleurs, je suis absolument certain qu’un pan entier de l’étude sur le QI tente maladroitement de couvrir strictement la même étendue que celle des styles, mais l’étanchéité totale entre ces disciplines empêchées fait qu’elles ne peuvent pas grandir l’une de l’autre. Ainsi la science du QI plafonne-t-elle tristement sur son appréhension de ce qu’est l’intelligence, parce qu’elle ne semble pas se rendre compte, par exemple, qu’un [physique] ne brillera pas nécessairement à son niveau réel s’il est assis sur une chaise avec un crayon en main, contrairement à l’[intellectuel]. L’ontologie des styles cognitifs a énormément à apprendre à la science du QI et nous savons ainsi qu’étudier les styles, c’est se permettre de revenir ensuite vers le QI avec un bagage augmenté.
Contrairement à ce que pensent superficiellement la plupart des gens, la science du QI est très consciente du flou de ses fondements (« Le QI est ce que mesurent les tests de QI ») et des biais de ses méthodes, mais elle veut toutefois ignorer l’ontologie (formelle ou non) dans sa quête de devenir Science, parce que l’ontologie ce n’est pas sérieux, ça n’existe pas. Comme pour les styles, l’affirmation de l’innéité est un caractère indécis du QI qui est remis aux calendes grecques, en attente d’être une science reconnue, ce qui ne semble pas trop probable en l’état.
La tentation de la Scientificité est une maladie des sciences humaines, très coûteuse en terme de réalisme et que nous allons guérir. Elle est aussi temporaire qu’elle est historiquement datée (un ou deux siècles). La vraie rationalité tranche, mais n’est pas nihiliste, elle connaît l’existence de l’irrationalité, plus encore, elle connaît l’irrationnel comme étant son unique source, sa nourriture. Un concept kantien majeur nous pousse sans équivoque à comprendre cette vision si essentielle : [à postériori/à priori]=>[nouveauté/pas de nouveauté]. Comment en sommes-nous parvenus à esquiver Kant ? C’est plutôt simple à répondre : le fait que la Philosophie soit un désordre sans nom semble autoriser les penseurs à prendre et à laisser ce qu’ils veulent selon l’air du temps, comme ils le font pour les styles. Je parlais à ce propos des trois géants grecs et j’en profite pour ajouter encore une couche : qui sait là encore que Kant avait son propre discours à propos des styles, qu’il reconnaissait par conséquent comme une réalité ?
L’ontologie du QI tient dans une courbe en cloche : à gauche les « sous-doués », au centre la moyenne et à droite les surdoués. Un trouble ontologique à ce propos me travaille, je terminerai ce texte la dessus. On ne pense jamais au surdoué autrement qu’en terme de performance ou de domination, c’est un fait aussi banal qu’il est malheureux. Ce qui est moins banal, c’est de penser le surdoué en termes de rôle ou de spécialisation relativement à l’ensemble de la population. Sans cette notion, le petit QI est perçu comme strictement inutile, indésirable, jetable. Comme d’habitude, il est irrationnel, donc néant. Si par contre on cherche à imaginer un rôle typique pour les surdoués, comme par exemple dans un troupeau de gazelles, ce qui peut être assez fécond, on se retrouve par symétrie ontologique devant une saine énigme en ce qui concerne les moins doués, puisque la symétrie confère nécessairement un sens à leur existence. C’est cette question ontologique, ce type de question qui doit être adressée à notre intelligence : quel sens donner à l’existence de gens au QI très petits, puisque leur existence est aussi normale que celle des très grands QI ?
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