Psycho­­lo­­gies de l’inné – 1

Les psycho­lo­gies de l’inné forment l’ac­cès idéal à l’on­to­lo­gie. Elles se réfèrent au second carac­tère onto­lo­gique de maté­ria­lité, le premier que l’on puisse appré­hen­der puisque la concep­tua­li­sa­tion en découle. Dans les faits, ce sont elles qui ont four­nis l’ac­cès premier à l’on­to­lo­gie formelle depuis la nuit des temps.

J’ai pu discer­ner quatre psycho­lo­gies de l’inné : le sexe, le style, la race et le QI. Elles semblent former une quater­nité complète et ordon­née comme je les inscrit ici, mais je ne m’avance pas trop là-dessus, en tout cas sur l’ordre d’ap­pa­ri­tion.

Ces quatre formes sont géné­tiques, innées, nous nais­sons avec ces quatre déter­mi­na­tions person­nelles et nous n’en chan­ge­rons pas au cours de notre vie. Iden­ti­fier leur géné­tique et leur immu­ta­bi­lité est une façon de présen­ter les choses qui est bien plus pratique et juste que de vouloir démon­trer que chacune d’entre elle est ou n’est pas innée, lais­sant un doute constant sur leur perti­nence. C’est ce que repro­duit la Science à leur sujet, pour finir par les nier unique­ment à cause de ce doute qu’elle crée et alimente elle-même. Vous pouvez consta­ter par vous-même qu’au­cune de ces quatre sciences légi­times n’est aujourd’­hui ensei­gnée dans le cursus univer­si­taire. Pire encore, deux d’entre elles sont à la fois scan­da­leuses et ultra-poli­ti­sées (sexe et race), une autre, le style, brille surtout par sa totale inexis­tence offi­cielle et enfin le QI devient de plus en plus diffi­cile à cacher, mais l’uni­ver­sité résiste encore à le recon­naître.

Ce n’est pas anodin de foncer dans le tas comme je le fais au lieu de pinailler sur des choses indé­mon­trables sans jamais avan­cer, c’est même presque dange­reux, car c’est faire face au déla­bre­ment onto­lo­gique plein d’af­fir­ma­tion péremp­toires du grand cirque poli­tico-média­tique contem­po­rain. Je n’in­vente pas cette concen­tra­tion de sujets essen­tiels ni cette folie vécue dans une espèce d’una­ni­mité civi­li­sa­tion­nelle hégé­mo­nique : c’est l’ou­til onto­lo­gique formel qui me le désigne. Si je prends une telle posi­tion de départ, ce n’est certai­ne­ment pas pour soule­ver de l’in­di­gna­tion ou pour punir des méchants, aucun inté­rêt.

Non, c’est pour montrer ce qui nous défi­nit tous, car c’est à partir de cela que nous pensons : une déter­mi­na­tion innée donnée parmi nombre d’autres. Nous voulons tous « chan­ger le monde » selon l’ex­pres­sion consa­crée : magni­fique ! Mais pour cela il faut d’abord comprendre quelles sont nos erreurs les plus primi­tives, les plus essen­tielles, pour les chan­ger, juste­ment et relire ensuite le socle si ferme qui semble fonder nos certi­tudes et qui n’est parfois que vase et sables mouvants.

Penser, c’est à un certain moment penser à la place de l’autre, or la norma­ti­vité sociale tend à placer en réfé­rence un seul ensemble de caté­go­ri­sa­tion comme sommet idéal de l’être, comme si un mode d’être et de penser était natu­rel­le­ment appelé à supplan­ter tous les autres dans un avenir radieux. À juger les autres caté­go­ries depuis sa seule caté­go­rie sans les comprendre on ne fait que leur manquer de respect, on ne fait que les bafouer. Quand on a conscience de la néces­saire complé­men­ta­rité des caté­go­ries onto­lo­giques, on comprend à quel point c’est se tirer une balle dans le pied que de vouloir les trans­for­mer en la sienne.

C’est dans la psycho­lo­gie de l’inné que le forma­lisme onto­lo­gique trouve sa source et sa lisi­bi­lité. Nier l’une, c’est nier l’autre. Rappe­lons-nous bien :

  • que l’on­to­lo­gie est le niveau le plus primaire, le « ras des pâque­rettes » de la Philo­so­phie ;
  • que la Philo­so­phie est « mère de toutes les Sciences » ;
  • que toute admi­nis­tra­tion terrestre découle de la vision Scien­ti­fique.

Que se passe­rait-il si la chaîne de pensées furieuses qui régit 7 milliards de personnes était recons­truite à partir d’une compré­hen­sion élar­gie de l’ordre du monde ?

Le couple primor­dial [femme/homme] est la première complé­men­ta­rité remarquée par les humains, il est commun à toutes les cosmo­go­nies, cosmo­lo­gies, reli­gions, etc., du monde. Nous pouvons juger de l’état psychique d’une civi­li­sa­tion à son discours sur cette onto­lo­gie première et chez nous, ce n’est pas terrible, c’est même plutôt la foire d’em­poigne.

Voyez plutôt la pensée correcte du moment en Occi­dent : « On ne nait pas femme, on le devient » a dit de Beau­voir. J’ima­gine que son expli­ca­tion est plus subtile que ce simple énoncé, mais c’est sans impor­tance, car cette expres­sion est prise à la lettre par un courant idéo­lo­gique fonda­men­ta­le­ment perti­nent (le fémi­nisme), mais qui a dérivé vers l’ab­sur­dité en deve­nant influent et instru­menté. « Rien ne diffé­ren­tie l’homme de la femme à la nais­sance » est le crédo mani­chéen qui écrase la « pensée » média­tique courante, ce qui dérange beau­coup de gens qui arrivent à penser quand même. Quelle plai­san­te­rie : si tout le monde consi­dère les femelles chiens plus douces que les mâles, c’est parce qu’elles sont élevées avec des poupées et pas des petits soldats ; pas d’inné on vous dit. Rideau. Il ne faut pas avoir peur de la bêtise, ça la renforce, il faut s’en moquer pour la révé­ler à ceux-là même qui la propagent.

J’ai iden­ti­fié un schéma rhéto­rique terri­ble­ment banal qui préside au statuquo actuel sur la psycho­lo­gie de l’inné et sur bien d’autres choses encore. Rappe­lons que la rhéto­rique est l’art de rempor­ter un débat, qu’im­porte les moyens. La cajo­le­rie, le mensonge, la menace et la posture d’au­to­rité font partie de ces moyens autant que la logique. Ce qui est inté­res­sant et presque para­doxal aujourd’­hui, c’est que l’in­ven­tion de la philo­so­phie a litté­ra­le­ment découlé de l’iden­ti­fi­ca­tion du fonc­tion­ne­ment rhéto­rique confus des sophistes auquel est venue s’op­po­ser la dialec­tique. Cette dernière renonce à toute déci­sion d’ordre affec­tive en se basant sur le dialogue raisonné entre les postures oppo­sées. C’est un art du discer­ne­ment, de la disso­cia­tion. L’on­to­lo­gie formelle n’est rien d’autre que l’ex­pres­sion de cet art univer­sel.

L’op­po­si­tion [rhéto­rique/dialec­tique] de la Philo­so­phie est accom­pa­gnée d’autres distinc­tions corol­laires [sophistes/philo­sophes] et surtout de cette distinc­tion majeure recon­nue de tous comme acte de nais­sance de la Philo­so­phie, le passage [muthos/logos] équi­valent à [récit/science]. Compre­nez bien que je me réfère ici au saint des saints de la philo­so­phie et donc suppo­sé­ment à toute pensée Occi­den­tale sérieuse. J’in­siste là-dessus parce que la suite montre une lourde et récur­rente contra­dic­tion insti­tu­tion­nelle avec cette origine à priori sacrée de toute notre époque mondia­li­sée. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » : quand les mora­listes sont immo­raux, la situa­tion est grave.

Établis­sons d’abord la forme de base de ce schéma conflic­tuel, son ossa­ture : deux postures s’af­frontent avec violence pour domi­ner le terrain, c’est la guerre ; il faut éradiquer l’autre, simple­ment pour conti­nuer à exis­ter. Au sein de ce banal schéma nous nous inté­res­sons à un sous ensemble déter­miné par la struc­tu­ra­tion onto­lo­gique récur­rente suivante : les deux camps se heurtent entre eux selon deux postures onto­lo­gique­ment complé­men­taires, ce qui implique que ces deux concep­tions en concur­rence sont toutes deux possi­ble­ment correctes et justi­fiées, mais selon un temps diffé­rent. Ce sous ensemble déter­mine le type de conflit qui m’in­té­resse ici, celui où, en fait, les deux parties ont raison simul­ta­né­ment. Le conflit n’a pas lieu d’être, mais les belli­gé­rants ne le savent pas ou ne veulent pas le savoir.

La première ques­tion que l’on doit se poser quand on rencontre, ou qu’on parti­cipe à, un conflit d’am­pleur : s’agit-il à la base d’une complé­men­ta­rité ou bien d’un anta­go­nisme ? Souvent des sujets complé­men­taires sont trai­tés à tort comme anta­go­nistes comme dans le cas des plus célèbres de [inné/acquis], dialec­tique indu­bi­ta­ble­ment complé­men­taire qui déchaîne pour­tant des colères aussi mons­trueuses qu’in­nom­brables, où la dialec­tique est bafouée par ceux-là même qui s’en réclament, semant la confu­sion passion­nelle dans leur sillage.

Donc premier constat : « les deux ont raison ». Mais voilà, les deux camps n’ont pas les moyens intel­lec­tuels (cultu­rels ou idéo­lo­giques) d’ad­mettre la coexis­tence du « vrai » selon deux expli­ca­tions complé­men­taires de la même partie du monde. Ils croient que si l’autre a raison, alors ils ont néces­sai­re­ment tort et donc qu’ils vont perdre, qu’ils vont « mourir ». C’est évidem­ment insup­por­table. Quand la logique binaire voudrait tran­cher une analo­gique floue par essence « les deux ont tort ».

Ce schéma d’ap­pa­rence para­doxale (les deux ont raison et tort en même temps) conduit le plus sûre­ment à la défaite des deux camps, car si l’un est victo­rieux et se sent en droit d’éra­diquer l’autre il perd bête­ment sa propre moitié onto­lo­gique parce qu’il n’en est pas conscient. Et dans les faits une telle éradi­ca­tion s’avère toujours un vœu pieux : le perdant nihi­liste revient toujours en force après les échecs incon­tour­nables du victo­rieux nihi­liste. Évidem­ment, l’idée de la vengeance, si elle est vivace, va conduire à renver­ser les camps sans rien chan­ger à la situa­tion. Notons toute­fois que ce cycle de guerres n’est pas forcé­ment stérile, les choses peuvent avan­cer tout de même, mais ce sera sous couvert de mauvaise foi : on aura quand même appris sur notre cause grâce à l’en­nemi, mais de là à le recon­naitre il y a un gouffre. La paix entre les parties et l’évo­lu­tion véri­tables des pensées n’ad­viennent que quand est instau­rée l’idée de la coexis­tence natu­relle des oppo­sés.

Il y a telle­ment d’oc­cur­rences de ce schéma dans la recherche onto­lo­gique formelle, témoin du grotesque de certaines postures dites sérieuses, que j’ima­gine sérieu­se­ment la perti­nence de l’en­co­der dans la base de données. Ce serait un nouveau type de données, orienté vers l’er­reur.

Je n’ai pas encore fini avec ce schéma. Il se détaille encore pour clai­re­ment rejoindre le nihi­lisme primal de la Philo­so­phie, celui qui découle du génie parmé­ni­dien quand il annonce que « le néant n’existe pas, il ne faut donc pas en parler », qui dérive ensuite folle­ment dans la foi moderne des Sciences qui ne dit jamais, mais qui agit toujours selon : « ce que nous ne compre­nons pas à l’aide de la raison n’existe pas, c’est le néant, il ne faut donc pas en parler ».  Certains appellent cela « nihi­lisme » (Nietzsche), d’autres « hyper­ra­tio­na­lisme (ratio­na­lisme hégé­mo­nique) » (Weber), ceci pour rappe­ler que je ne suis loin d’être isolé dans la mons­tra­tion de cette dérive centrale qui carac­té­rise toute pensée Scien­ti­fique.

Donc, nous avons un type géné­ral de conflits de pensée, qui affirme une forme binaire là ou la distinc­tion est onto­lo­gique­ment complé­men­taire. Pour le moment j’ai consi­déré que les deux camps réagis­saient de manière iden­tique et que donc, « les deux ont tort et raison ». Mais que se passe-t-il si les posi­tions sont diffé­rentes et qu’ainsi un camp admet une coexis­tence que l’autre renie ? En appa­rence c’est la même chose, deux camps sont irré­duc­ti­ble­ment oppo­sés et reste­ront en guerre. Mais dans les faits l’un fait le chemin vers l’autre et vers la réso­lu­tion du conflit, il ne nie pas l’exis­tence de l’autre posture quand il défend la sienne.

Voyons si nous sommes au clair dans l’on­to­lo­gie : si un conflit de ce type existe, c’est parce que deux postures coexistent. Tout dans le sujet du conflit donne à penser que ces deux postures sont onto­lo­gique­ment défi­nies (un trait, une oppo­si­tion clas­sique, etc.), par exemple pour l’in­néité psycho­lo­gique, c’est le trait bêta qui est au centre des guerres. Le camp soute­nant l’in­fluence de l’inné connaît parfai­te­ment le rôle de l’ac­quis pour la personne, quand l’autre camp refuse abrup­te­ment tout rôle à l’inné. Les deux ont raison dans leur vision partielle du monde, mais celui qui refuse l’autre à tort pour la vision englo­bante qu’il répu­die sans procès, d’au­tant faci­le­ment qu’il est en posi­tion d’au­to­rité.

Et ici, la dérive de mon écri­ture faite d’apar­tés, nous ramène au centre du sujet à venir, les styles : un camp soutien­dra plus natu­rel­le­ment ce qui corres­pond à son style cogni­tif domi­nant : un [irra­tion­nel] penchera pour la coexis­tence et l’in­clu­sion, un [ration­nel] pour l’an­ta­go­nisme et l’ex­clu­sion. C’est la nature des choses et je ne vois aucun incon­vé­nient à cela, mais seule­ment il se passe autre chose : le compor­te­ment anta­go­niste se conforme à l’état actuel de la Science, c’est-à-dire hégé­mo­nique et persua­dée que l’ir­ra­tion­nel n’existe pas. Voici le déséqui­libre le plus marquant de notre époque : un camp tient pour les deux camps, l’autre pour lui seul. Vous savez où je me situe, perpé­tuant ma volonté de faire ce qui est juste : servir. Toute la limi­ta­tion et tout le danger de l’époque tiennent dans le fait que ce schéma primal est séman­tique­ment tissé au plus profond de chacune de nos insti­tu­tions, donc de nos êtres, sans plus aucun espace de remise en cause. L’uni­ver­sité est, du moins dans les textes, suppo­sée être ce lieu des possibles, mais dans les faits l’« amélio­ra­tion » perpé­tuelle des ensei­gne­ments nie de mieux en mieux cette essence dont elle est suppo­sée être si fière. La stéri­lité guette au pays de la recherche Scien­ti­fique où il faut publier sans cesse, mais surtout sans sortir des clous, à cause de l’ex­com­mu­ni­ca­tion qui pend sans arrêt au nez du naïf.

La discus­sion [inné/acquis] est typique­ment rendue à cette impasse : ceux qui ont le micro nient (on ne nait pas femme, l’inné n’existe pas) l’exis­tence de la posture complé­men­taire soute­nue en conscience par ceux qui n’ont pas le micro. Rete­nez ce « truc » : le marqueur infaillible de ce genre de situa­tion est l’em­ploi d’af­fects, comme la colère ou mieux le mépris géné­ra­teur de colère en face, lors de discus­sions préten­du­ment scien­ti­fiques, préten­du­ment raison­nées. À chaque fois que vous sentez venir de l’émo­tion dans ce genre de débats, c’est qu’il se passe quelque chose de non-dit, non-ration­nel. Si l’on essaye d’ap­pliquer ce schéma sur l’im­passe de la discus­sion [femme/homme], l’af­fir­ma­tion « On ne nait pas femme on le devient », de stric­te­ment péremp­toire, se trans­forme toute seule en « On nait femme et on le devient », qui admet le construc­tion­nisme en restant essen­tia­liste, en parfaite contra­dic­tion avec le construc­tion­nisme qui a l’in­signe bonté de ne pas stric­te­ment nier l’es­sen­tia­lisme, mais qui le consi­dère à chaque fois qu’il l’évoque avec une commi­sé­ra­tion agacée jusque dans les cours de faculté auxquels j’ai pu assis­ter. Je pense pouvoir dire en me réfé­rant à l’on­to­lo­gie que ce fémi­nisme-là, que l’on retrouve prof à la fac ou vedette média­tique, est contre le fémi­nin quand il nie la part innée de l’être humain, le sexe, au profit exclu­sif de sa part acquise, le genre.

Vous devez savoir qu’un auteur fémi­niste qui se ferait quali­fier d’es­sen­tia­liste se ferait auto­ma­tique­ment descendre par ses collègues fémi­nistes, oui « descendre » avec de l’af­fect condes­cen­dant. La plus grande d’entre les essen­tia­listes (Caroll Gilli­gan) n’ou­blie jamais de se défendre de l’être dans l’un ou l’autre recoin de ses livres essen­tia­listes, c’est son viatique pour conti­nuer d’être respec­tée, contrainte à se renier offi­ciel­le­ment bien qu’elle soit recon­nue comme ayant amené le plus grand tour­nant fémi­niste du XXème. C’est plutôt embar­ras­sant.

Conti­nuons. Ma quête onto­lo­gique a commencé aux styles psycho­lo­giques. J’ai compris qu’é­tait venu le dernier jour de ma psycho­thé­ra­pie quand j’ai prononcé à haute voix cette apoca­lypse person­nelle « Mais… je suis anima ! ». C’était aussi le premier instant de toute cette recherche onto­lo­gique, tout allait s’en­chaî­ner ensuite. Si j’étais « ceci », alors d’autres seraient « cela », et j’ai commencé à envi­sa­ger les gens autour de moi, pour me connaître en retour. Mais comment donc font les profs de Philo pour décla­mer la plus haute exigence plato­ni­cienne, le « Connais-toi toi-même », alors même qu’ils veulent tous sans excep­tion igno­rer que Socrate, Platon et Aris­tote avaient chacun leur propre typo­lo­gie des styles innés ? Quel est donc la nature de ce choc ? La véné­rable et véri­table « bible de l’Oc­ci­dent » que repré­sente l’œuvre de ces trois génies du « Miracle Grec », serait-elle expur­gée ?

Se connaître, vrai­ment ? Même si ce n’est pas un choix néces­sai­re­ment binaire, déter­mi­ner le sexe des gens est facile dans l’énorme majo­rité des cas. Les critères du style cogni­tifs sont moins évidents, mais il peuvent être ensei­gnés. Se connaître nous posi­tionne chacun devant des critères innés nombreux et, nous en avons réel­le­ment conscience grâce au fémi­nisme histo­rique, profon­dé­ment instru­men­tés depuis la nuit des temps. Si nous en sommes au point où l’époque ne parvient plus à faire le clair là-dessus, cela ne nous empêche pas de nous faire une idée de nous-mêmes selon ce critère de vaste portée.

Je ne suis pas, je ne l’ai jamais été, en posture de faire une étude onto­lo­gique à propos du sexe : trop de bruit et de fureur, en moi et dans le monde où je vis. Je sais que là réside le mystère et le merveilleux, mais je prends les choses sur un plan neutre onto­lo­gique­ment, c’est presque une absence. C’est pour moi une énigme de clas­si­fier la distinc­tion [fémi­nin/mascu­lin] au-delà du [yin/yang] évidem­ment, c’est-à-dire selon les formes onto­lo­giques que je connais. Parfois je pense au trait alpha pour le sexe avec un genre en beta pourquoi pas, parfois je pense à quelque chose d’an­té­rieur aux traits, ce qui est onto­lo­gique­ment déstruc­tu­rant, et d’autre fois encore je pense à une distinc­tion simul­ta­née sur l’en­semble des traits. C’est peut-être cette dernière hypo­thèse qui est la bonne, je n’en sais trop rien. Tout est telle­ment embrouillé là-dedans que j’ai choisi dès le début de ne pas trop m’y attar­der.

En dehors de Gilli­gan déjà citée, je n’ai qu’un seul conseil de lecture onto­lo­gique perti­nent sur le sexe, c’est un livre de gare : les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus. Je suis extrê­me­ment sérieux. À ce qu’il me semble, personne d’autre n’est en mesure d’abor­der le sujet aussi simple­ment et formel­le­ment bien entendu, que ne le fait John Gray, avec sa liste d’on­to­lo­gies. Le fait en soi que je ne puisse que conseiller un livre à la répu­ta­tion aussi peu établie doit être pris comme symp­to­ma­tique du trouble à ce propos, trouble qui ne fait qu’em­pi­rer en ces temps étranges et dégra­dés où l’in­ver­sion orwel­lienne est la norme des médias.

La déter­mi­na­tion des sexes est la première des déter­mi­na­tions de l’inné qui aide malgré tout à se connaître un tant soit peu. La seconde est celle des styles. Ici, pas de trouble, juste un néant parsemé de toutes petites lumières éparses, qui témoignent, par leur entê­te­ment millé­naire à survivre, de la soli­dité de la chose.

Vous voulez vous connaître ? Alors, commen­cez par mettre du style cogni­tif dans votre vie, appro­priez-vous-en les nombreuses onto­lo­gies cohé­rentes et décou­vrez-en le fonc­tion­ne­ment chez les autres en obser­vant comment cela se passe pour eux. Se comprendre à travers l’autre est la faculté excep­tion­nelle appor­tée par la connais­sance des styles. Si j’ai donné en son temps à cette pratique le nom de code « l’exer­cice extra­or­di­naire », ce n’est pas un hasard et je ne le renie pas aujourd’­hui, c’est vrai­ment ce que c’est.

Mon « je suis anima » était une auto­ri­sa­tion à être irra­tion­nel, et à cesser de me culpa­bi­li­ser d’être comme je suis venu sur cette terre, même si c’était en contra­dic­tion avec ce que la norma­ti­vité scolaire et aussi paren­tale m’avaient fait consi­dé­rer comme le bien, la bonne direc­tion. Ceux qui m’ont lu atten­ti­ve­ment savent que ce n’est pas ce que je consi­dère comme un combat achevé. C’est plus une négo­cia­tion constante, parfois haras­sée et parfois amusée, pourquoi pas ?

Dans l’étude des styles je ne discerne jamais le sexe. C’est à ma connais­sance le cas pour tous les gens qui ont écrit sur le même sujet. En fait, on peut se conten­ter de penser que les constats de cette typo­lo­gie fonc­tionnent indif­fé­rem­ment sur les sexes et par consé­quent, on peut faire abstrac­tion pour un temps de la diffé­ren­cia­tion des sexes. Je trouve ça repo­sant. La typo­lo­gie des styles abou­tit parfois à des compor­te­ments distincts entre femmes et hommes et dans ce cas, j’ai tendance à appliquer ce que je disais au-dessus, je consi­dère que chaque trait est ampli­fié ou dimi­nué dans le sens qui corres­pond au sexe, par exemple une femme [ration­nelle] de cette époque, même Scien­ti­fique­ment formée, est géné­ra­le­ment, mais pas néces­sai­re­ment, onto­lo­gique­ment moins bornée que son pendant mascu­lin.

Je ne vais parler dans la suite de ce fil que des styles. Comme je l’ai expliqué, le sexe est trop compliqué et entre­lacé dans la construc­tion histo­rique et même préhis­to­rique de nos pensées, pour en faire une réfé­rence onto­lo­gique vrai­ment solide et consen­suelle, même s’il est incon­tour­na­ble­ment à l’ori­gine de toute nos distinc­tions onto­lo­giques. La race, quant à elle, n’est pas en l’état un sujet utile pour l’on­to­lo­gie. C’est en fait un sujet bien trop dange­reux de nos jours, dans une société qui trans­forme tout essai de ce thème en une condam­na­tion arbi­traire et sans appel, pronon­cée géné­ra­le­ment d’un seul mot défi­ni­tif d’une exem­pla­rité mons­trueuse, ardem­ment dési­gnée aux foules pour leur vertueux défou­le­ment. Et quand bien même, le peu de lectures forcé­ment honteuses, inter­dites, salis­santes et décriées que j’ai pu avoir sur ce sujet ne m’ont pas apporté grand-chose d’un point de vue onto­lo­gique formel. En clair, c’est onto­lo­gique­ment une impasse encore pour long­temps. Ceci étant dit, il semble qu’un certain rappro­che­ment avec les styles puisse être fécond, rappro­che­ment qui semble apte à désa­mor­cer la bombe raciale, du moins pour les onto­logues. Je ne me prive­rai pas de ce petit écart prudent à la plus dange­reuse des normes nihi­listes, dange­reuse parce qu’elle revêt les oripeaux de l’hu­ma­nisme.

Quant au QI, eh bien c’est un sujet passion­nant dans un autre cadre que l’on­to­lo­gique formelle. Cela demeure encore un inter­dit, mais appa­rem­ment en lente voie de norma­li­sa­tion, inter­dit dont l’ar­gu­men­taire nihi­liste ne privi­lé­gie fina­le­ment que quelques chan­ceux d’être nés dans un milieu capable de discer­ner sans les tests la puis­sance de l’in­tel­li­gence, c’est par exemple le milieu des lignées fami­liales, qu’elle soient aris­to­cra­tiques, bour­geoises ou autres. Cette absence de vision unanime conduit, on le sait, aux échecs scolaires en série de gens très doués, échecs souvent défi­ni­tifs de personnes simple­ment mal comprises au départ et balayées sous le tapis ensuite, comme autant d’anges déchus, que l’on retrouve souvent la nuit dans les bas-fonds des villes. Vous n’ima­gi­nez même pas le QI moyen de certains rades nocturnes, remplis de poivrots rigo­lards et autres fêtards toxi­co­ma­nes…

La science du QI nous apprend cela et beau­coup d’autres choses plus subtiles encore, qui concernent la direc­tion de l’évo­lu­tion. Par ailleurs, je suis abso­lu­ment certain qu’un pan entier de l’étude sur le QI tente maladroi­te­ment de couvrir stric­te­ment la même éten­due que celle des styles, mais l’étan­chéité totale entre ces disci­plines empê­chées fait qu’elles ne peuvent pas gran­dir l’une de l’autre. Ainsi la science du QI plafonne-t-elle tris­te­ment sur son appré­hen­sion de ce qu’est l’in­tel­li­gence, parce qu’elle ne semble pas se rendre compte, par exemple, qu’un [physique] ne brillera pas néces­sai­re­ment à son niveau réel s’il est assis sur une chaise avec un crayon en main, contrai­re­ment à l’[intel­lec­tuel]. L’on­to­lo­gie des styles cogni­tifs a énor­mé­ment à apprendre à la science du QI et nous savons ainsi qu’é­tu­dier les styles, c’est se permettre de reve­nir ensuite vers le QI avec un bagage augmenté.

Contrai­re­ment à ce que pensent super­fi­ciel­le­ment la plupart des gens, la science du QI est très consciente du flou de ses fonde­ments (« Le QI est ce que mesurent les tests de QI ») et des biais de ses méthodes, mais elle veut toute­fois igno­rer l’on­to­lo­gie (formelle ou non) dans sa quête de deve­nir Science, parce que l’on­to­lo­gie ce n’est pas sérieux, ça n’existe pas. Comme pour les styles, l’af­fir­ma­tion de l’in­néité est un carac­tère indé­cis du QI qui est remis aux calendes grecques, en attente d’être une science recon­nue, ce qui ne semble pas trop probable en l’état.

La tenta­tion de la Scien­ti­fi­cité est une mala­die des sciences humaines, très coûteuse en terme de réalisme et que nous allons guérir. Elle est aussi tempo­raire qu’elle est histo­rique­ment datée (un ou deux siècles). La vraie ratio­na­lité tranche, mais n’est pas nihi­liste, elle connaît l’exis­tence de l’ir­ra­tio­na­lité, plus encore, elle connaît l’ir­ra­tion­nel comme étant son unique source, sa nour­ri­ture. Un concept kantien majeur nous pousse sans équi­voque à comprendre cette vision si essen­tielle : [à posté­riori/à priori]=>[nouveauté/pas de nouveauté]. Comment en sommes-nous parve­nus à esqui­ver Kant ? C’est plutôt simple à répondre : le fait que la Philo­so­phie soit un désordre sans nom semble auto­ri­ser les penseurs à prendre et à lais­ser ce qu’ils veulent selon l’air du temps, comme ils le font pour les styles. Je parlais à ce propos des trois géants grecs et j’en profite pour ajou­ter encore une couche : qui sait là encore que Kant avait son propre discours à propos des styles, qu’il recon­nais­sait par consé­quent comme une réalité ?

L’on­to­lo­gie du QI tient dans une courbe en cloche : à gauche les « sous-doués », au centre la moyenne et à droite les surdoués. Un trouble onto­lo­gique à ce propos me travaille, je termi­ne­rai ce texte la dessus. On ne pense jamais au surdoué autre­ment qu’en terme de perfor­mance ou de domi­na­tion, c’est un fait aussi banal qu’il est malheu­reux. Ce qui est moins banal, c’est de penser le surdoué en termes de rôle ou de spécia­li­sa­tion rela­ti­ve­ment à l’en­semble de la popu­la­tion. Sans cette notion, le petit QI est perçu comme stric­te­ment inutile, indé­si­rable, jetable. Comme d’ha­bi­tude, il est irra­tion­nel, donc néant. Si par contre on cherche à imagi­ner un rôle typique pour les surdoués, comme par exemple dans un trou­peau de gazelles, ce qui peut être assez fécond, on se retrouve par symé­trie onto­lo­gique devant une saine énigme en ce qui concerne les moins doués, puisque la symé­trie confère néces­sai­re­ment un sens à leur exis­tence. C’est cette ques­tion onto­lo­gique, ce type de ques­tion qui doit être adres­sée à notre intel­li­gence : quel sens donner à l’exis­tence de gens au QI très petits, puisque leur exis­tence est aussi normale que celle des très grands QI ?

Une réponse sur “Psycho­­lo­­gies de l’inné – 1”

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