Les vertus cardi­nales

https://fr.wiki­pe­dia.org/wiki/Vertu_cardi­nale#Selon_Platon

Les vertus sont des atti­tudes fermes, des dispo­si­tions stables, des perfec­tions habi­tuelles de l’in­tel­li­gence et de la volonté qui règlent les actes, ordonnent les passions et guident la conduite. Elles procurent faci­lité, maîtrise et joie pour mener une vie mora­le­ment bonne. L’homme vertueux est celui qui libre­ment pratique le bien. Ce groupe de quatre vertus célé­bré par Pytha­gore au retour de ses séjours proche-orien­taux fut repris par Socrate puis mis en évidence par Platon, suivi par Aris­tote et les philo­sophes stoï­ciens. Il est égale­ment présent dans le judaïsme hellé­nisé (Philon d’Alexan­drie, IVe livre des Macca­bées) et chez les Pères de l’Église. L’ordre d’im­por­tance plato­ni­cien est le suivant : la prudence, la tempé­rance, la justice, le courage.

Les vertus cardi­nales
Justice
Force
Tempé­rance
Prudence
4 causes
Finale
Effi­ciente
Formelle
Maté­rielle

Max Weber – Les 4 idéaux-types de l’ac­tion sociale

Trait alpha

Forte Action ration­nelle
Cons­cience du sens
de l’orien­ta­tion de l’ac­tion
Faible Compor­te­ment

Idéaux-types

Fina­lité
Valeur
Affec­tuel
Tradi­tion­nel
Finale
Effi­ciente
Formelle
Maté­rielle
Par confron­ta­tion ration­nelle des moyens et des buts
Par convic­tion
Par senti­ment / par émotion
Par coutume / par habi­tude

Domi­na­tion

Ration­nelle
Légale
Charis­ma­tique
Tradi­tion­nelle

Pierre Levy – Sur les Chemins du Virtuel

Sur les Chemins du Virtuel – Le quadri­vium onto­lo­gique

Traits

Trait alpha
Evéne­ment
Subs­tance
Trait beta
Latent
Mani­feste
Les quatre modes d’être
Virtuel Existe
Actuel Arrive
Possible Insiste
Réel Subsiste
4 causes
Finale
Effi­ciente
Formelle
Maté­rielle

Traits

Trait alpha
Créa­tion
Sélec­tion

Les quatre passages
Trans­for­ma­tion Tempo­ra­lité Défi­ni­tion
Virtua­li­sa­tion Eter­nité Inven­tion de problèmes
Actua­li­sa­tion Proces­sus Réso­lu­tion de problèmes
Poten­tia­li­sa­tion Travail Produc­tion de ressources
Réali­sa­tion Méca­nisme Élec­tion, chute de poten­tiel

Mélanges
Virtua­li­sa­tion Subjec­ti­va­tion
Actua­li­sa­tion Objec­ti­va­tion
Insti­tu­tion­na­li­sa­tion Poten­tia­li­sa­tion
Réifi­ca­tion Réali­sa­tion

Peut-être faut-il consi­dé­rer le dualisme de la substance et de l’évé­ne­ment comme le yin et le yang dans la philo­so­phie chinoise clas­sique : il y aurait passage, trans­for­ma­tion perpé­tuelle de l’un dans l’autre. Chacun d’eux exprime une face inéli­mi­nable et complé­men­taire des phéno­mènes, comme l’onde et la parti­cule dans la physique quan­tique.

Cita­tion – Martin Heideg­ger – Vidéo

Heideg­ger: la ques­tion de l’être

Martin Heideg­ger – Vidéo
L’un des grands périls que court notre pensée aujourd’­hui, c’est que celle-ci, en tant que pensée philo­so­phique, n’a plus de rapport origi­nal véri­table avec la tradi­tion.

Nul ne sait quel sera le destin de la pensée. En 1964, dans une confé­rence que je n’ai pas pronon­cée moi-même mais dont le texte a été lu en traduc­tion française, j’ai parlé de « la fin de la philo­so­phie et de la tâche de la pensée ». J’y ai fait une distinc­tion entre philo­so­phie c’est-à-dire la méta­phy­sique, et la pensée telle que je l’en­tends. Cette pensée est, fonda­men­ta­le­ment, quant à la chose même, beau­coup plus simple que la philo­so­phie, mais, en consé­quence, beau­coup plus diffi­cile à accom­plir, et elle exige un nouveau soin apporté au langage, et non une inven­tion de termes nouveaux, comme je l’avais pensé jadis; bien plutôt un retour à la teneur origi­nale de la langue qui nous est propre mais qui est en proie à un dépé­ris­se­ment conti­nuel.

Un penseur à venir, qui sera peut-être placé devant la tâche d’as­su­mer effec­ti­ve­ment cette pensée que j’es­saie seule­ment de prépa­rer, devra s’ac­com­mo­der d’un mot qu’é­cri­vit un jour Hein­rich von Kleist et qui dit … : « je m’ef­face devant quelqu’un qui n’est pas encore là, et m’in­cline un millé­naire à l’avance devant son esprit. »

La fin de la philo­so­phie est atteinte lorsque cette dernière s’est dissoute dans les sciences. La pensée, quant à elle, conti­nue plus avant.

Cita­tion – Martin Heideg­ger – La fin de la philo­so­phie et la tâche de la pensée

Martin Heideg­ger – La fin de la philo­so­phie et la tâche de la pensée
Une telle pensée demeure néces­sai­re­ment bien en deçà de la gran­deur des philo­sophes. Elle est bien moindre que la philo­so­phie. Moindre aussi parce qu’à cette pensée, encore plus réso­lu­ment que jusqu’ici à la philo­so­phie, aussi bien l’ac­tion immé­diate, que l’ac­tion médiate sur le domaine public qui porte l’em­preinte de la science tech­ni­ci­sée de notre époque indus­trielle, ne peut qu’être refu­sée.

Mais avant tout cette pensée, fut elle seule­ment possible, demeure bien peu, car sa tâche n’a que le carac­tère d’une prépa­ra­tion et nulle­ment d’une fonda­tion. Il lui suffit de provoquer l’éveil d’une dispo­ni­bi­lité de l’homme pour un possible dont le contour demeure obscur et l’avè­ne­ment incer­tain. Ce qui demeure pour la pensée gardée en réserve, savoir s’y enga­ger, voilà ce que la pensée doit d’abord apprendre. En tel appren­tis­sage elle prépare sa propre trans­for­ma­tion.

Il est ici pensé à la possi­bi­lité que la civi­li­sa­tion mondiale telle qu’elle ne fait main­te­nant que commen­cer, surmonte un jour la confi­gu­ra­tion dont elle porte la marque tech­nique, scien­ti­fique et indus­trielle comme l’unique mesure d’un séjour de l’homme dans le monde. Qu’elle la surmonte non pas bien sur à partir d’elle même et par ses propre forces, mais à partir de la dispo­ni­bi­lité des hommes pour une desti­na­tion pour laquelle en tout temps un appel, qu’il soit ou non entendu, ne cesse de venir jusqu’à nous hommes, au cœur d’un partage non encore arrêté.

Non moins incer­tain demeure ceci : la civi­li­sa­tion mondiale sera t’elle d’ici peu soudai­ne­ment détruite ou bien va t’elle se conso­li­der pour une longue durée sans aucun repos dans ce qui demeure, mais bien plutôt vouée à s’or­ga­ni­ser en un chan­ge­ment conti­nuel ou le nouveau fait place à toujours plus nouveau.

La pensée qui n’est que prépa­ra­tion ne veut, ni ne peut prédire aucun avenir. Elle tente seule­ment, face au présent, de faire entendre en un prélude quelque chose qui du fond des ages, juste au début de la philo­so­phie a déjà été dit pour celle ci sans qu’elle l’ait propre­ment pensé.

Cita­tion – Lambros Coulou­ba­rit­sis

Lambros Coulou­ba­rit­sis. Aux origines de la philo­so­phie euro­péenne – De la pensée archaïque au néopla­to­nisme. 1992. 4ième édition 2003.
Pages 61–62.


Lévi Strauss, qui a le mieux établi l’usage de ces types de couples pour les civi­li­sa­tions archaïques, rapproche cela d’une logique binaire, songeant surtout à cette logique intro­duite par Boole, au siècle dernier, et qui joue aujourd’­hui un rôle essen­tiel dans le fonc­tion­ne­ment de l’in­for­ma­tique. Mais aussi perti­nente que soit cette obser­va­tion, elle perd de vue l’es­sen­tiel de la logique archaïque, sa diffé­rence radi­cale avec la logique clas­sique et moderne, intro­duite depuis Aris­tote, et qui domine, par ses prin­cipes, notre époque. En fait, l’or­ga­ni­sa­tion des couples est plus complexe, car alors que la logique binaire suppose une oppo­si­tion stricte des termes, la logique de l’am­bi­va­lence suppose que chaque terme renferme en lui quelque chose de l’autre terme, comme le montrent les exemples que je viens de rappe­ler : Athéna prenant la forme humaine n’est pas une divi­nité qui est iden­tique à elle même et qui s’op­pose d’une façon radi­cale à l’homme, elle possède égale­ment quelque chose des possi­bi­li­tés humaines ; de même Ulysse et Diomède, une fois qu’ils discernent l’in­vi­sible, ne sont pas stric­te­ment humains, mais renferment en eux quelque chose de divin. Le symbole qui illustre sans doute le plus clai­re­ment le statut de cette logique archaïque appar­tient à une autre civi­li­sa­tion ; il s’agit du cercle symbo­li­sant le Tao, séparé en deux parties par une ligne ondu­lée, dont chacune mani­feste une trace (un point) de l’autre, la lumière renfer­mant de l’obs­cu­rité et l’obs­cu­rité de la lumière, et dont chacune renvoie aux deux prin­cipes du réel, le yang et le yin. Le Tao symbo­lise la voie par laquelle se mani­feste la vie de la matrice de l’uni­vers, et qui s’ar­ti­cule selon les deux forces oppo­sées et complé­men­taires. Cela suffit à faire voir que le mode par lequel la pensée euro­péenne peut entrer en dialogue avec les pensées non-euro­péennes, pour décou­vrir leur proxi­mité et en même temps leur irré­duc­tible rupture, passe par un appro­fon­dis­se­ment de la logique de l’am­bi­va­lence.

En fait, la logique de l’am­bi­va­lence s’ac­corde à une concep­tion du réel qui accepte la coexis­tence du visible et de l’in­vi­sible et qui, pour dire et penser l’in­vi­sible, le rapporte toujours au visible, expri­mant ainsi, par le discours, l’in­vi­sible comme s’il était un visible inter­prété, face à (et à partir d’un visible) dit, – ce qui complexi­fie aussi­tôt l’ar­ti­cu­la­tion à la fois de la pensée et du discours. C’est cette complexité qui est expri­mée par la logique de l’am­bi­va­lence. C’est pourquoi, me semble t’il on a eu tort de la négli­ger dans le passé, en dénonçant la pensée archaïque (parlant de pensée « primi­tive », « pré-logique » ou « irra­tion­nelle »), comme impliquant des contra­dic­tions. Or, celles-ci paraissent bien normales lorsqu’on se rend compte de la diffi­culté qu’il y a de dire en même temps un visible et un invi­sible selon des images visibles. C’est cette complexité du réel qui entraîne la complexité de la logique de l’am­bi­va­lence. A ce titre la logique archaïque doit être comprise comme un fond ration­nel commun de l’hu­ma­nité avant l’avè­ne­ment (ou en dehors) de la pratique de la philo­so­phie. Cette remarque fait voir que le rela­ti­visme cultu­rel n’im­plique pas une distinc­tion radi­cale entre les hommes (source de tous les racismes) ; il peut suppo­ser un fond commun entre les hommes de notre planète, qui attestent l’hu­ma­nité comme leur nature commune.

Dès lors, il est à peine néces­saire de souli­gner que l’ori­gi­na­lité de la pensée euro­péenne tient dans sa rupture – du moins sur le plan théo­rique – avec l’usage de la logique de l’am­bi­va­lence, en sépa­rant les termes oppo­sés, c’est à dire en refu­sant à chaque terme d’in­clure en lui quelque chose d’un autre terme, c’est à dire en créant la contra­riété (le blanc comme contraire au noir est toujours iden­tique à lui même et il en va de même du noir) et la non contra­dic­tion, qui suppose qu’un terme ne peut conte­nir en même temps et sous le même rapport un attri­but et sa néga­tion. C’est cette sépa­ra­tion (en grec : krisis) qui, en libé­rant la pensée de l’en­chaî­ne­ment concep­tuel auquel se résigne la complé­men­ta­rité des termes, a produit la logique binaire, dont la simpli­cité présente la propriété remarquable de rendre possible le déploie­ment des mathé­ma­tiques ou l’ac­ti­vité prodi­gieuse des ordi­na­teurs. Cela veut dire que la pensée euro­péenne est née par une simpli­fi­ca­tion et une clari­fi­ca­tion logiques. Nous verront que la tâche domi­née par cette krisis, est prin­ci­pa­le­ment l’œuvre de Parmé­nide, bien qu’elle soit déjà amor­cée par ses prédé­ces­seurs. Mais, pour l’ins­tant, consta­tons cette modi­fi­ca­tion dans la pensée humaine qui permet non pas, comme on le croit souvent, une complexi­fi­ca­tion de la pensée, mais au contraire sa simpli­fi­ca­tion, grâce à laquelle elle se découvre une effi­ca­cité prodi­gieuse dans la tech­nique moderne.

Il est aujourd’­hui bien connu que la société archaïque n’a rien de simple : en prenant en consi­dé­ra­tion une réalité complexe, où s’en­che­vêtrent le visible et l’in­vi­sible, elle s’or­ga­nise non seule­ment en fonc­tion du visible (de l’uni­vers, des hommes, des animaux, des plantes et des phéno­mènes de la nature) mais égale­ment en fonc­tion d’un invi­sible peuplé de dieux, de puis­sances et de morts. C’est pourquoi il est plus diffi­cile, si j’ose dire, de comprendre l’or­ga­ni­sa­tion d’un village archaïque avec quelques habi­tants, que le fonc­tion­ne­ment d’un ordi­na­teur actuel, dont les maté­riaux et la logique qui le régissent sont analy­sables selon des méthodes précises.