Pour moi la question de la réalité de la psychologie de l’inné ne se pose pas. Toute discussion à ce sujet tourne souvent au pugilat sans intérêt ni intelligence du côté Rationnel qui est tout simplement nihiliste à ce propos et qui est capable, du moins pour certains d’entre ses afficionados, de mobiliser des affects méprisants ou même extrêmement violents avec une facilité déconcertante. Évidemment, c’est du vécu. Toute cette fureur n’est que du bruit. La science ne dépend pas de la bonne ou mauvaise volonté de quelques-uns disposant de pouvoir à un moment donné. Les temps changent tout le temps, c’est le principe même de l’ontologie, rappelons-nous que le Yi-King est aussi nommé le livre des transformations, c’est aussi tout Héraclite. La suite des temps courants peut être entre-aperçue par l’ontologie formelle, elle est le délicat balai qui nous permettra de « nettoyer les écuries d’Augias de la Philosophie ».
Ceux qui ont cru et croient dans le type psychologique inné sont légion, mais voilà, ils essayent de tergiverser et n’osent pas trop camper l’affirmation de l’innéité, qui a pourtant tout à voir avec la génétique. Ils se perdent dès le commencement, ils sont follement intimidés par la « violante » Science et reportent la question aux calendes grecques, quand leur science sera reconnue. Mais voilà cette science ne sera pas reconnue sans que cette question ne soit affirmée au commencement, en attendant l’improbable révélation, elle restera enfouie sous le boisseau des inutilités désuètes.
Pourtant il y existe un critère ontologique incontournable qui règle la question directement et sans ambages : c’est l’immutabilité de ce type. Nous naissons avec un ensemble de caractéristiques psychologiques facile à distinguer et sur lesquelles nous avons de l’influence toute notre vie durant, mais qui demeureront identiques et reconnaissables jusqu’à notre dernier souffle. Personne n’a jamais changé sa psychologie innée, de la même façon que personne n’a jamais changé sa détermination sexuelle, fût-elle floue, ni sa couleur de peau ou de cheveux. On peut tailler les chairs des bébés ou des adultes consentants pour modifier l’apparence de leur déterminant sexuel ; on peut se teindre les cheveux ou s’éclaircir la peau de la même façon qu’on peut tenter de déguiser ou de nier son type psychologique, ça ne changera jamais l’être inné.
Mes contemporains ne savent pas ce qu’ils perdent en enterrant une science au moins aussi ancienne que l’écriture et qui a tout à voir avec aussi bien la santé physique que la santé psychique.
Argumenter à l’infini sur son existence ou son inexistence est vain, car on est là aussi, comme pour l’ontologie formelle, dans une construction axiomatique par nature. C’est quand on la perçoit qu’elle se montre pour ce qu’elle est, évidente, universelle et indémontrable ; quand on ne la perçoit pas, on peut croire qu’elle n’existe pas. Fermons le ban : soit vous êtes un croyant et on avance, soit vous êtes en posture anti (vous croyez ne pas croire) et je pense que vous perdez votre temps à me lire parce qu’aucun argument ne pourra démontrer que vous avez tort, ce qui ne veut pas dire que vous avez raison et encore moins que j’ai tort.
Vous avez bien vu que ma propre écriture n’est pas dénuée d’affect et du coup peut être mal interprétée. Je n’en suis pas désolé, mais je n’en suis pas satisfait non plus. Il se passe ici que je combats les difficultés sur mon chemin là où elles se présentent, avec mes propres moyens pas strictement contrôlés. En d’autres termes, je suis émotif depuis toujours et je sais pertinemment que tenter de le cacher me rendrait moins net pour la suite, à conserver une rancœur ou un non-dit qui resurgirait à l’improviste.
Mais si je combats, ce n’est pas pour défaire l’autre camp dans une guerre d’éradication, je combats pour servir les deux camps : mon camp est au service de l’autre, même si c’est malgré lui. Cela peut sembler paradoxal de vouloir combattre pour servir son adversaire, mais c’est dans l’ordre des choses, du moins si l’on s’en remet à l’étymologie du mot « adversaire » et non à sa définition. On voit que l’on retrouve l’un des quatre caractères de l’équation de la base de données :
- la définition donne une opposition de type négation (hostile, ennemi),
- alors que l’étymologie insiste sur le rapprochement et donc se trouve être de type complémentaire (racine indo-européenne « *wert, tourner » avec le préfixe « ad- » qui dit le rapprochement, l’addition, le renforcement, le commencement).
Le renversement sémantique plutôt voyant qui se produit entre les deux acceptions du terme est parfaitement symptomatique du travail négatif/rationnel de la Philosophie sur les concepts, dès le Latin, et il y en a d’autres qui ont comme ça tranquillement investi les dictionnaires.
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