Psycho­lo­gie de l’inné – styles – 3

Pour moi la ques­tion de la réalité de la psycho­lo­gie de l’inné ne se pose pas. Toute discus­sion à ce sujet tourne souvent au pugi­lat sans inté­rêt ni intel­li­gence du côté Ration­nel qui est tout simple­ment nihi­liste à ce propos et qui est capable, du moins pour certains d’entre ses affi­cio­na­dos, de mobi­li­ser des affects mépri­sants ou même extrê­me­ment violents avec une faci­lité décon­cer­tante. Évidem­ment, c’est du vécu. Toute cette fureur n’est que du bruit. La science ne dépend pas de la bonne ou mauvaise volonté de quelques-uns dispo­sant de pouvoir à un moment donné. Les temps changent tout le temps, c’est le prin­cipe même de l’on­to­lo­gie, rappe­lons-nous que le Yi-King est aussi nommé le livre des trans­for­ma­tions, c’est aussi tout Héra­clite. La suite des temps courants peut être entre-aperçue par l’on­to­lo­gie formelle, elle est le déli­cat balai qui nous permet­tra de « nettoyer les écuries d’Au­gias de la Philo­so­phie ».

Ceux qui ont cru et croient dans le type psycho­lo­gique inné sont légion, mais voilà, ils essayent de tergi­ver­ser et n’osent pas trop camper l’af­fir­ma­tion de l’in­néité, qui a pour­tant tout à voir avec la géné­tique. Ils se perdent dès le commen­ce­ment, ils sont folle­ment inti­mi­dés par la « violante » Science et reportent la ques­tion aux calendes grecques, quand leur science sera recon­nue. Mais voilà cette science ne sera pas recon­nue sans que cette ques­tion ne soit affir­mée au commen­ce­ment, en atten­dant l’im­pro­bable révé­la­tion, elle restera enfouie sous le bois­seau des inuti­li­tés désuètes.

Pour­tant il y existe un critère onto­lo­gique incon­tour­nable qui règle la ques­tion direc­te­ment et sans ambages : c’est l’im­mu­ta­bi­lité de ce type. Nous nais­sons avec un ensemble de carac­té­ris­tiques psycho­lo­giques facile à distin­guer et sur lesquelles nous avons de l’in­fluence toute notre vie durant, mais qui demeu­re­ront iden­tiques et recon­nais­sables jusqu’à notre dernier souffle. Personne n’a jamais changé sa psycho­lo­gie innée, de la même façon que personne n’a jamais changé sa déter­mi­na­tion sexuelle, fût-elle floue, ni sa couleur de peau ou de cheveux. On peut tailler les chairs des bébés ou des adultes consen­tants pour modi­fier l’ap­pa­rence de leur déter­mi­nant sexuel ; on peut se teindre les cheveux ou s’éclair­cir la peau de la même façon qu’on peut tenter de dégui­ser ou de nier son type psycho­lo­gique, ça ne chan­gera jamais l’être inné.

Mes contem­po­rains ne savent pas ce qu’ils perdent en enter­rant une science au moins aussi ancienne que l’écri­ture et qui a tout à voir avec aussi bien la santé physique que la santé psychique.

Argu­men­ter à l’in­fini sur son exis­tence ou son inexis­tence est vain, car on est là aussi, comme pour l’on­to­lo­gie formelle, dans une construc­tion axio­ma­tique par nature. C’est quand on la perçoit qu’elle se montre pour ce qu’elle est, évidente, univer­selle et indé­mon­trable ; quand on ne la perçoit pas, on peut croire qu’elle n’existe pas. Fermons le ban : soit vous êtes un croyant et on avance, soit vous êtes en posture anti (vous croyez ne pas croire) et je pense que vous perdez votre temps à me lire parce qu’au­cun argu­ment ne pourra démon­trer que vous avez tort, ce qui ne veut pas dire que vous avez raison et encore moins que j’ai tort.

Vous avez bien vu que ma propre écri­ture n’est pas dénuée d’af­fect et du coup peut être mal inter­pré­tée. Je n’en suis pas désolé, mais je n’en suis pas satis­fait non plus. Il se passe ici que je combats les diffi­cul­tés sur mon chemin là où elles se présentent, avec mes propres moyens pas stric­te­ment contrô­lés. En d’autres termes, je suis émotif depuis toujours et je sais perti­nem­ment que tenter de le cacher me rendrait moins net pour la suite, à conser­ver une rancœur ou un non-dit qui resur­gi­rait à l’im­pro­viste.

Mais si je combats, ce n’est pas pour défaire l’autre camp dans une guerre d’éra­di­ca­tion, je combats pour servir les deux camps : mon camp est au service de l’autre, même si c’est malgré lui. Cela peut sembler para­doxal de vouloir combattre pour servir son adver­saire, mais c’est dans l’ordre des choses, du moins si l’on s’en remet à l’éty­mo­lo­gie du mot « adver­saire » et non à sa défi­ni­tion. On voit que l’on retrouve l’un des quatre carac­tères de l’équa­tion de la base de données :

  • la défi­ni­tion donne une oppo­si­tion de type néga­tion (hostile, ennemi),
  • alors que l’éty­mo­lo­gie insiste sur le rappro­che­ment et donc se trouve être de type complé­men­taire (racine indo-euro­péenne « *wert, tour­ner » avec le préfixe « ad- » qui dit le rappro­che­ment, l’ad­di­tion, le renfor­ce­ment, le commen­ce­ment).

Le renver­se­ment séman­tique plutôt voyant qui se produit entre les deux accep­tions du terme est parfai­te­ment symp­to­ma­tique du travail néga­tif/ration­nel de la Philo­so­phie sur les concepts, dès le Latin, et il y en a d’autres qui ont comme ça tranquille­ment investi les diction­naires.

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