Les trois parties de l’âme chez PLATON

Les trois parties de l’âme chez PLATON (La Répu­blique, livre IV)

Les trois parties de l’âmeL’âme comporte trois niveaux, facul­tés : 1) Epithu­mia (ἐπιθυμία), « l’ap­pé­tit », la partie concu­pis­cible, le niveau dési­rant, les envies infé­rieures (faim, soif, , etc.) 2) Thumos (θυμός), « la colère », la partie iras­cible, le niveau agres­sif, les passions, et 3) Logis­ti­kon (λογιστικόν), « le raison­nable », la partie ration­nelle, le niveau divin, la pensée, qui seule est immor­telle (mythe de l’at­te­lage et du cocher dans le Phèdre). La pensée de Platon a évolué. Dans le Phédon, Platon admet une âme ; dans La Répu­blique, il admet trois parties de l’âme ; dans le Phèdre il fait une présen­ta­tion imagée de l’âme sous la figure d’un atte­lage avec un cheval noir qui repré­sente la partie dési­rante, un cheval blanc qui repré­sente la partie iras­cible, et le cocher qui repré­sente l’es­prit ; Platon, dans le Timée, à la fin de sa vie, admet trois âmes. Ce tripar­tisme remonte à Pytha­gore.

Je ne peux pas me résoudre à repré­sen­ter cette tripar­ti­tion en équa­tion. La méta­phore des chevaux nous mettrait bien sur la voie de l’âme (logis­ti­kon) subdi­vi­sée en une partie sombre (épithu­mia) et une claire (thumos), ce qui n’a rien d’ex­tra­or­di­naire selon nos critères, mais la partie thumos me paraît trop ambigüe pour étayer cette tripar­ti­tion où, de plus, la raison serait le tout.

Dans la tripar­ti­tion plato­ni­cienne, il y a la raison, la volonté et le désir, mais il manque quelque chose, l’amour ou la sagesse, qui sont visi­ble­ment inclus pour Platon dans le thumos. Il parait justi­fié de penser que cette méta­phore soit déduite de l’ana­to­mie du corps humain où le cœur est loca­lisé au même endroit que la poitrine, au dessus du diaphragme. En tous cas la quadri­par­ti­tion à laquelle on abou­tit en discer­nant la sagesse de la volonté est bien plus compa­tible avec tout ce que nous connais­sons.

Logis­ti­kon
Thumos
Sophia
Epithu­mia
Raison
Volonté
Sagesse
Désir

Ici Platon chemi­nait, ailleurs il avait déjà résolu ce type de problème : les 4 degrés de la connais­sance

Diánoia
Eikasía
Nóêsis
Pistis
Pensée
Conjec­ture
Intel­lect
Foi
Raison
Volonté
Sagesse
Désir

Ce mouve­ment que je procure à la tripar­ti­tion plato­ni­cienne est étayé sur le corps humain et se voit approuvé indi­rec­te­ment par platon lui même. Ce géant chemi­nait, il s’est trompé souvent parce qu’il inno­vait souvent.

7 réponses sur “Les trois parties de l’âme chez PLATON”

  1. Salut, il me semble que tu as mal interpreté cette idée de la tripartition de l’âme.

    En effet, la sagesse n’est pas reliée au thumos, mais bien à la raison, ce qui semble déjà plus logique, puisque la sagesse consisterait alors en l’accession aux formes intelligibles. Il est sage d’être raisonnable, et il faut nécessairement être raisonnable pour être sage.

    De plus, une quadripartition de l’âme serait moins en accord avec le reste de la pensée platonicienne. Je pense notamment aux trois types d’individus étant dans la cité; à savoir le peuple auquel correspond l’epithumia, les guerriers auxquelles on attribue le thumos et enfin les philosophes et hommes politiques qui représentent la raison.

  2. Merci de ce commentaire constructif.

    Je persiste et modifie l’article en réponse, ajoutant un référence platonicienne. Dissocier est un maître mot, et dissocier la raison de la sagesse est un maître ouvrage encore à produire.

    Ce que tu soulève au sujet de la tripartition platonicienne est pertinent. Disons qu’elle satisfait mal aux critères de la tripartition que j’emploie en référence et que donc j’essaye de la réfléchir sous d’autres angles formels, quitte à l’adapter, ce qui postule la possibilité d’une erreur de la part de Platon. L’expérience quaternaire, ici, me paraît assez fructueuse, mais je n’ai pas encore creusé l’aspect que tu mentionne ici et qui m’intéresse. Cette trinité est restée « en vogue » au moyen age et on peut même penser qu’elle a des instances non platoniciennes dans certaines civilisations. Donc affaire à suivre, avec une petite pensée quand même pour le moderne http://www.mumen.fr/4-archetypes/ qui donne des idées, encore vers le quaternaire. Il ne faut oublier qu’Aristote à « produit » le quaternaire en faisant exactement ce que je fais ici, en complétant une trinité antérieure.

  3. la plaque votive du dieu Baal de Palmyre (-600 av-jc) montre trois dieux, Baal au centre, représente l’autorité, un alter ego à gauche solaire à gauche et un autre lunaire à droite. La « triade divine » provient de Babylone, et était connue des Grecs. Platon a appliqué le concept à l’âme humaine qu’il tenait du culte d’Isis.

  4. .. Cette tri-partition divine montre clairement le côté dominateur du dieu « solaire » et le côté « inversé » du dieu « lunaire ». On regardera le noeud de la ceinture des trois dieux: celui du dieu lunaire est noué à l’envers. Il semble plus sombre. Ce que Carl Jung a appelé « introverti ». Cette différence entre Thumos et Epithumia était donc « classique » et même usuelle dans le monde antique . Elle était classiquement symbolisée par le Soleil et la Lune. Le rôle du plexus « solaire » est sans doute l’invention principale de Platon ou des académiciens.

  5. bonjour, je distingue la sagesse comme le résultat de la foi (la foi impliquant que nous ne nous pensons pas seul) et de la raison en y attribuant une dynamique qui serait la recherche du sens de la raison.
    elle serait le résultat de la pensée, de l’intellect et de la foi, d’où la réflexion sur la place de l’homme dans son univers (le moi) en tenant compte que l’Univers (le tout) a des lois et fondement plus grand (le moi dans le tout) que ceux de l’homme qui s’isole dans son propre univers.
    Cette sagesse serait le résultat et la prise de conscience de notre place dans l’Univers car elle nous révèlerait les lois fondamentales qui le régisse et qui nous permettraient (si on les comprends) de créer un équilibre dans le nous (principe de communion et de relation au Divin, dans le sens de Univers, Ouranos et par là même de force qui le maintient en ordre, en place et qui le gère, d’où Dieu).
    la perte de conscience (perte de foi en Dieu, Ouranos) fait que l’homme s’isole et produit certains dérèglement qui ne s’accorde plus avec l’Univers, cela a une répercussion dans son être tout entier car cela le sort de l’ordre universel et de son équilibre.
    vouloir vivre dans une réalité (alethia) voilée par cette ignorance plus ou moins volontaire (léthé, fille d’éris) l’oubli, créer par la discorde ou la coupure d’avec (dans ce cas de figure) Dieu.

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